On n’est pas si sûr que le long cou de la girafe ait évolué dans cette direction pour lui permettre de mieux se nourrir en hauteur. Ça aurait pu être, dans un lointain passé, un « outil » efficace pour se battre.
L’idée du long cou associé à la nourriture est pourtant vieille d’au moins un siècle : la théorie veut que les ancêtres des girafes étaient en compétition pour de la nourriture, que ceux qui avaient le plus long cou avaient plus de chances de bien se nourrir, et qu’ils aient ainsi gagné à la loterie de l’évolution.
Or, un fossile vieux de 17 millions d’années remet en question cette idée, ou du moins les origines de la poussée vers l’avant du cou. Avec un crâne que les chercheurs comparent à un casque et avec de très solides vertèbres du cou, l’animal était équipé pour résister à des coups solides et en absorber. Possiblement une forme de sélection sexuelle, le vainqueur étant celui qui gagnait les faveurs de la femelle.
L’animal en question, Discokeryx xiezhi, fait l’objet d’une étude parue le 3 juin dans la revue Science. Il vivait dans le nord de la Chine, dans un paysage de savanes, et se classe dans la famille des giraffidés, un groupe de mammifères qui comprend aussi, aujourd’hui, l’okapi.
Bien que sa morphologie rappelle l’okapi, son cou était déjà plus long que celui d’un okapi, quoique beaucoup moins long que celui de nos girafes, ce qui laisse un pan de mystère sur l’évolution qui a suivi ensuite. Mais la morphologie de son crâne et de ses vertèbres cervicales en fait quelque chose « d’ étrange », notent les chercheurs de Chine et de quatre autres pays qui signent l’article : « Les jonctions tête-cou les plus complexes connues à ce jour ». Avec, de plus, une accumulation de kératine au sommet, formant « une structure en forme de casque ». Assez pour faire de sa tête une arme redoutable… ou pour résister aux assauts des autres.