Parce que les reptiles d’aujourd’hui sont des animaux à sang froid, il peut sembler étrange de constater que les dinosaures étaient pour la plupart des animaux à sang chaud. Or, une nouvelle méthode d’analyse révèle qu’au fil de leur histoire, ils ont été un peu des deux.
Etre un animal à sang froid a ses avantages : il faut dépenser moins d’énergie pour se maintenir à la bonne température. Les animaux à sang chaud, eux, doivent compter sur des mécanismes internes pour produire de la chaleur et rester à peu près à une température constante, ce qui passe, entre autres, par l’alimentation.
Ce qui veut dire que, si vous êtes un dinosaure herbivore géant à sang chaud, vous avez besoin d’une quantité impressionnante de végétation pour vous maintenir à la bonne température. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la découverte comme quoi ces animaux étaient bel et bien des reptiles à sang chaud avait été, dans les années 1990, contre-intuitive.
Mais comme il n’est pas facile de mesurer le métabolisme d’animaux disparus il y a plus de 65 millions d’années — un des indices est le taux de croissance des os — des chercheurs en paléontologie proposent, dans la dernière édition de la revue Nature, une nouvelle méthode, reposant sur un marqueur du « stress métabolique » occasionné par la respiration. Ça permet de déduire la quantité d’oxygène que respirait l’animal, ce qui permet de déduire comment son organisme évoluait.
En comparant 50 vertébrés actuels et disparus au moyen de ce qu’on appelle la microspectroscopie laser, les chercheurs en ont identifié quelques-uns qui ont évolué vers des animaux à sang froid et d’autres, non. Les oiseaux, qui sont des animaux à sang chaud, sont les descendants de ceux qui n’ont pas changé alors que des animaux disparus, comme le tricératops et le stégosaure, eux, étaient à sang froid lorsqu’une collision cosmique, il y a 65 millions d’années, a mis fin à leurs carrières.
Ce qui pose des questions inédites aux chercheurs, sur les territoires occupés par ces animaux : un animal à sang froid peut mieux tolérer que les autres les grandes chaleurs. Et sur leurs comportements : il faut désormais imaginer ces grands lézards à sang chaud comme ayant des comportements beaucoup moins « lézards » —symbole de lenteur et de paresse — et beaucoup plus « oiseaux » — symbole de dépense d’énergie perpétuelle.