Au moins 4000 tués et 4700 blessés : voilà le bilan, forcément plus que conservateur, des pertes civiles liées à l’invasion russe de l’Ukraine, selon des données récoltées par le Haut-Commissariat pour les droits humains des Nations unies (OHCHR). Et avec la poursuite des combats, notamment dans l’est du pays, ainsi que plusieurs zones inaccessibles aux observateurs indépendants, ce total devrait sans aucun doute s’alourdir.
Selon une note d’information publiée jeudi, ce sont les hommes qui auraient été tués en plus grand nombre, avec 1507 corps masculins adultes officiellement recensés, contre 989 femmes et un peu moins de 200 enfants, le tout en un peu plus de trois mois de conflit. L’OHCHR fait cependant aussi état de 69 enfants et de 1242 adultes dont on ignore toujours le sexe.
La majorité de ces pertes sont survenues dans les régions de Donetsk et de Louhansk, déjà ciblées en 2014 par la Russie lors de son appui aux forces prorusses de ces régions. Au total, on y a dénombré au moins 4912 tués et blessés.
En zone sous le contrôle du gouvernement de Kiev, on fait état de 4246 tués et blessés. Enfin, dans les régions déjà sous contrôle russe, encore une fois dans les « républiques autoproclamées » de Donetsk et de Louhansk, l’agence onusienne rapporte 666 tués et blessés.
Le rapport, le plus récent d’une série d’annonces similaires publiées depuis le début du conflit, ne fait pas état des pertes subies dans la ville portuaire de Marioupol, assiégée pendant plusieurs semaines par les forces russes, et où les bombes, les obus et les missiles ont quasiment rasé l’intégralité de la municipalité.
Selon des rumeurs, notamment des affirmations de responsables et de soldats ukrainiens restés sur place jusqu’à la toute fin, « plusieurs dizaines de milliers » d’habitants auraient péri dans cette ville martyre.
Toujours au dire de l’organisation rattachée à l’ONU, « la plupart des pertes civiles ont été provoquées par l’utilisation d’armes explosives à grand rayon d’impact, y compris le bombardement à l’aide de l’artillerie lourde, les lance-roquettes, ainsi que les frappes à l’aide de missiles et de bombes larguées par des avions ».
C’est en effet la stratégie adoptée par l’armée russe, notamment pour éviter les combats urbains meurtriers : pilonner les villes et les zones de résistance ukrainiennes pour détruire les abris et les fortifications potentielles. Le gouvernement ukrainien a aussi accusé le Kremlin, à plusieurs reprises, de cibler délibérément les civils, entre autres en raison des frappes contre des hôpitaux, des immeubles d’habitation et d’autres bâtiments sans aucune importance militaire.
L’avenir culturel ukrainien menacé
Par ailleurs, la rapporteuse spéciale de l’OHCHR en matière de droits culturels, Alexandra Xanthaki, affirme que les nombreuses violations des droits culturels commises en Ukraine par les forces russes « auront un impact dévastateur après la guerre ».
« La remise en question et le déni de l’identité et de l’histoire ukrainiennes comme justification pour la guerre sont une violation du droit des Ukrainiens à l’autodétermination, ainsi que de leurs droits culturels », a-t-elle soutenu.
Selon cette experte, les pertes importantes en matière d’héritage culturel, ainsi que les destructions d’artefacts culturels étaient inquiétantes en ce qui concerne l’identité ukrainienne et celle des minorités dans le pays, en plus de nuire aux possibilités de mettre en place une société multiculturelle paisible après la fin du conflit.
Parallèlement, la rapporteuse spéciale a aussi décrié l’exclusion des artistes russes d’événements culturels tenus un peu partout sur la planète. « Je suis attristée par les nombreuses restrictions touchant les artistes russes en riposte aux actions du gouvernement russe, en plus de la déprogrammation d’oeuvres créées il y a parfois des siècles par des artistes russes. »