D’ordinaire, les mauvaises nouvelles sur le réchauffement annoncent un record inquiétant à la fois. Le dernier rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) en contient quatre pour 2021.
Pour ceux qui croient que « réchauffement climatique » est uniquement un problème de hausse de la température, il y a donc quatre des indicateurs-clés qui ont battu un record l’an dernier : concentrations de gaz à effet de serre, hausse du niveau des eaux, température des océans et acidification des océans. Pour ceux qui doutent encore que l’humain soit responsable des changements en cours, il devient encore plus difficile d’ignorer que tous ces changements en même temps et à une telle vitesse auraient été impossibles sans la contribution de nos énergies fossiles.
Et c’est sans compter la dizaine d’autres indicateurs (glaciers, événements extrêmes, inondations, canicules, etc.) qui, sans avoir battu un record, sont largement dans la moyenne supérieure des dernières décennies ou du dernier siècle et demi. « Ce n’est qu’une question de temps avant que nous observions un nouveau record d’année la plus chaude », a commenté le grand patron de l’OMM mercredi matin à Genève, lors de la publication du State of Global Climate 2021. « Notre climat change devant nos yeux. »
Les océans sont souvent les grands oubliés des bilans de fin d’année, mais l’impact de ce qui leur arrive ne saurait être sous-estimé.
- La température des 2000 premiers mètres de profondeur, par exemple, continuera d’augmenter pendant des décennies, quoi qu’il arrive dans les prochaines années en matière de réduction des gaz à effet de serre.
- L’acidification (qui a augmenté de 30% depuis la révolution industrielle du 19e siècle) réfère au fait que les océans absorbent environ le quart de nos émissions de GES : l’avantage est que ça limite les quantités qui s’accumulent dans l’atmosphère, mais en contrepartie, cela limite la capacité du plancton à se renouveler, ça affaiblit les coraux et ça perturbe la biodiversité marine, donc les pêches, donc la sécurité alimentaire des humains.
- La hausse du niveau des mers — 4,5 mm par an entre 2013 et 2021, soit le double des années 1990 — en plus de déplacer des millions de personnes, en rend des centaines de millions d’autres plus vulnérables aux futures tempêtes.
Le rapport peut être vu comme un complément au rapport du GIEC de cette année: il est beaucoup moins volumineux, mais il inclut des données plus récentes, soit de 2020 et 2021.
Les données en question s’appuient sur six grandes bases de données internationales, sous l’égide d’agences ou d’organisations britannique (HadCRUT), américaines (NOAAGlobalTemp, NASA GISTEMP et Berkeley Earth), européenne (ERA5) et japonaise (JRA-55).