Mais qu’est-ce que Mads Mikkelsen allait faire dans cette galère? Sorti en 2020, Riders of Justice est un étrange mélange de comédie, d’action et de drame mettant en vedette cet acteur bien connu dont on peine franchement à se passer. Le film, hélas largement inégal, se rattrape par quelques passages puissants qui font réfléchir.
Soldat déployé en Afghanistan, Markus (Mikkelsen) est rapatrié en urgence après un accident de train au cours duquel sa femme est tuée. La fille du couple, Mathilde, épargnée lors du drame, se retrouve à devoir cohabiter avec un père largement absent, plongé dans ses pensées, qui boit pour oublier, et pour qui la violence semble être la réponse à tout.
À travers tout cela, Otto, un chercheur spécialisé en statistiques, qui avait offert son siège à la mère de Mathilde, éprouve non seulement des remords à l’idée d’avoir posé un geste qui a techniquement provoqué la mort de cette femme, mais s’avère persuadé que l’accident du train est en fait un coup monté pour assassiner un chef criminel qui voyageait dans le même wagon, et qui devait témoigner le lendemain contre un autre gang, les Riders of Justice.
Ensemble, Otto et Markus tenteront de remonter la piste de cet attentat, et le père-soldat s’attribuera lui-même la responsabilité de faire payer les criminels par le sang.
Jusque-là, la structure est relativement classique; on se croirait pratiquement dans un Taken scandinave, ou dans quelque chose d’équivalent. Et pourtant, le réalisateur et scénariste Anders Thomas Jensen va plus loin. D’abord, en montrant la violence de façon claire et nette, certes, mais sans la glorifier. Les meurtres sont rapides, efficaces, concis, même si l’on n’a pas peur de montrer le sang. Les scènes d’action sont ainsi souvent tournées en quelques plans seulement. Pas question, ici, de s’attarder inutilement sur les assassinats, comme pourrait justement le faire Taken, ou une autre production américaine similaire.
Là où les choses deviennent plus étranges, c’est qu’Otto, en compagnie de deux autres amis de longue date, évoquent les Lone Gunmen, dans la série X-Files. Étranges, largement socialement mésadaptés, ils débarquent un peu dans ce film de violence et de vengeance comme un chien dans un jeu de quilles. Leur dialogue est parfois touchant, parfois drôle, mais surtout souvent étrange et désarçonnant. Est-ce le meilleur choix pour ce genre de film? Mystère.
Et pourtant… Et pourtant, ce film parfois décousu a un certain charme, voire un charme certain. Les personnages semblent réels, et non pas seulement des caricatures de clichés. En ce sens, Anders Thomas Jensen a réussi son pari : Riders of Justice vaut certainement la peine d’être vu.