Le sol lunaire n’est pas ce qu’il y a de mieux pour faire pousser des plantes. Et pourtant, ça pousse.
Utilisant de petites quantités de cette poussière récoltée jadis par les astronautes de trois des missions Apollo, des botanistes et généticiens ont voulu tester la chose avec une plante qui n’est déjà pas exigeante pour la qualité des sols : l’Arabette de Thalius (Arabidopsis thaliana), souvent qualifiée de « mauvaise herbe des routes ». Elle est résistante, a un génome relativement petit et est utilisée dans toutes sortes d’expériences de laboratoire depuis des décennies.
Les chercheurs de l’Université de Floride ont donc planté des graines dans 3 portions de 4 grammes chacune de sol lunaire. Ils ont fait la même chose avec de la centre volcanique, bien terrestre celle-là. Ils ont fourni de l’eau. Et ils ont comparé pendant 20 jours. La cendre volcanique est souvent utilisée comme base de comparaison avec le sol lunaire.
En moins de 60 heures, les graines avaient germé dans tous les « sols ». Après quelques jours toutefois, les racines dans le sol lunaire étaient plus rachitiques que celles du sol volcanique. Quelques jours encore, et les feuilles du sol lunaire s’avéraient plus petites et montraient une pigmentation plus sombre. Au terme de l’expérience, les plantes « lunaires » présentaient plus d’activités dans les portions de leur bagage génétique qui sont associées à l’adaptation à des conditions plus difficiles. « Une réponse au stress » —cette notion existe aussi en botanique— qui était prévisible, dans un sol aussi pauvre en carbone, en oxygène et en azote.
Néanmoins, concluent les trois chercheurs dans la revue Communication Biology, le constat semble être qu’il serait bel et bien possible à une éventuelle colonie lunaire de faire pousser quelque chose là-haut. Peut-être en faudra-t-il toutefois plus que dans une serre normale pour obtenir un repas convenable. Et reste à prouver ce que ça donnerait avec une plante plus nutritive que l’Arabette…