Si la Chine a quelque peu pris ses distances d’avec la Russie à la suite de l’invasion de l’Ukraine par les forces russes, la perspective d’une alliance entre Pékin et Moscou continue d’inquiéter une forte majorité d’Américains, qui y voient un « grave problème ».
Un coup de sonde du Pew Research Center effectué en mars, au début du conflit, indique ainsi que 62 % des répondants sont particulièrement préoccupés par le partenariat entre la Chine et la Russie. Peu de temps avant l’éclatement de la guerre, au moment où avaient lieu les Jeux d’hiver de Pékin, les dirigeants chinois Xi Jinping et Vladimir Poutine avaient entériné « l’amitié russo-chinoise », un accord qui se voulait « solide ».
Et de fait, si Pékin a bel et bien pris ses distances après les premiers revers de Moscou sur le territoire ukrainien, la Chine n’a jamais officiellement condamné l’invasion, et la Russie, coupée de l’Occident, s’est tournée vers la Chine pour obtenir de l’aide financière et potentiellement militaire, sous la forme d’équipement, pour contrer l’impact des défaites militaires et des sanctions économiques.
De fait, l’étude menée par le Pew Research Center tourne principalement autour de la Chine : de 2020 à 2022, la proportion de participants jugeant que « le pouvoir et l’influence » de Pékin sont « une menace majeure » est passée de 62 à 67 %, un bond de cinq points de pourcentage.
Quelque 66 % des répondants estiment également que ce pouvoir et cette influence sont en croissance.
Et si les participants continuent à penser, dans une majorité approchant des trois quarts (70 %), que les États-Unis sont la plus grande puissance militaire de la planète, la proportion des répondants jugeant que c’est plutôt la Chine, à 19 %, a plus que doublé depuis 2020, date d’un précédent exercice similaire. À titre de comparaison, seulement 9 % des personnes ayant répondu à l’enquête du Pew Research Center estiment en fait que c’est la Russie qui arrive en tête de classement.
La transformation de ces perceptions à propos de la Chine ne se produit pas uniquement sur le plan de la politique ou de la puissance militaire. En fait, 82 % des répondants ont une opinion défavorable de Pékin, y compris 40 % qui en ont une opinion particulièrement défavorable. Selon les divers coups de sonde effectués par l’institution de recherche, il faut remonter d’une dizaine d’années en arrière pour revenir à une époque où les Américains percevaient la Chine de façon positive.
De fait, dès 2017, les opinions à propos de la Chine sont rapidement devenues négatives, voire majoritairement négatives. C’est aussi à partir de cette époque que l’ex-président Trump a déclenché une guerre commerciale contre la Chine. Et la tendance n’a pas vraiment ralenti avec l’élection de Joe Biden et son arrivée au pouvoir en 2021; surtout pas avec l’éclatement de la pandémie et les allégations de mauvaise gestion du virus par Pékin, au tout début de la crise.
Malgré tout, la Chine est perçue par 62 % des répondants comme une adversaire (politique, économique, technologique, etc.), mais pas comme une ennemie, ce qui n’est le fait que du quart des répondants. Là-dessus, le contraste est particulièrement élevé avec la Russie, qui est vue comme un ennemi par 70 % des participants, contre seulement 24 % des répondants qui considèrent Moscou comme une compétitrice à Washington.