L’humanité doit fermement appuyer sur l’accélérateur en matière de gestion et de prévention des sécheresses, indique un nouveau rapport de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD). De fait, ces démarches doivent représenter des « priorités absolues », martèlent les auteurs du document, dans une perspective de multiplication de ces événements extrêmes, notamment en raison de la crise climatique.
Le document en question, intitulé La sécheresse en chiffres, 2022, est publié au moment où la température moyenne continue d’augmenter, avec des pointes tout à fait extraordinaires, notamment en Inde et au Pakistan, où le mercure avoisine les 50 degrés Celsius depuis plusieurs semaines.
« Les faits et les chiffres de cette publication pointent tous dans la même direction : une trajectoire ascendante de la durée des sécheresses et de la gravité des impacts, affectant non seulement les sociétés humaines, mais aussi les systèmes écologiques dont dépend la survie de toute vie, y compris celle de notre propre espèce », a ainsi déclaré Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la CNUCLD.
Le document est aussi rendu public environ une semaine avant la parution, le 18 mai, du rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) sur l’état du climat, en date de l’an dernier. Ce nouveau rapport doit « mettre en évidence les effets débilitants de la sécheresse dans certaines régions du monde, comme la Corne de l’Afrique », a fait savoir l’organisation onusienne.
Déjà la faim, qu’elle soit provoquée par les conditions climatiques, les conflits armés (eux-mêmes souvent déclenchés par des catastrophes environnementales), ou par d’autres facteurs, touche beaucoup plus de gens depuis l’éclatement de la pandémie. Selon les observations d’une autre agence de l’ONU, le Réseau mondial contre les crises alimentaires, 40 millions de personnes en plus se sont retrouvées en situation d’insécurité alimentaire chronique entre 2020 et 2021.
Parmi les zones les plus touchées, on compte l’Éthiopie, en Afrique de l’Est, qui est non seulement en proie à des conflits armés meurtriers, mais aussi à des sécheresses importantes. Résultat, plus de 500 000 Éthiopiens ont glissé vers cette insécurité alimentaire chronique en un an.
« On a constaté une diminution de l’humidité des sols dans de nombreuses régions du monde, ce qui est très frappant pour la production agricole. Nous avons assisté à une accélération de la fonte des glaciers, ce qui signifie que les rivières reçoivent moins d’eau douce. Nous avons constaté des changements dans le régime des précipitations. Certaines régions du monde deviennent plus sèches et d’autres connaissent davantage de problèmes d’inondation », a pour sa part mentionné le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas.
Selon l’ONU, le rapport de la CNULCD relève que « depuis 2000, le nombre et la durée des sécheresses ont augmenté de 29 %, que de 1970 à 2019 les aléas météorologiques, climatiques et hydriques ont représenté 50% des catastrophes et 45 % des décès liés aux catastrophes, principalement dans les pays en développement, de même que les sécheresses représentent 15 % des catastrophes naturelles. De plus elles ont causé le plus grand nombre de victimes humaines, soit environ 650 000 décès entre 1970 et 2019 ».
Devant ce bilan particulièrement lourd, et face à des sécheresses qui pourraient toucher « plus des trois quarts de la population mondiale » d’ici 2050, les auteurs du rapport appellent les nations du monde à adoptée une approche qui ne serait plus réactive, mais plutôt basée sur les risques, et qui s’appuierait donc sur des mesures de mitigation et de contrôle avant que les sécheresses ne se produisent.