Les oeuvres souhaitant encapsuler des mouvements sociaux et politiques de grande envergure devront toujours éviter de très nombreux écueils, y compris la nécessité de trouver un équilibre entre la nécessité d’expliquer le contexte en question et le besoin de divertir. Silverton Siege, un film sud-africain réalisé et coscénarisé par Mandla Dube, n’échappe pas à ce dilemme.
En 1980, les tensions sont extrêmes entre le pouvoir sud-africain, blanc et résolument raciste, et les membres du groupe MK, la branche armée du Congrès national africain, l’ANC, qui est toujours au pouvoir aujourd’hui, après la chute du régime d’apartheid.
Trois membres d’une cellule de MK devaient mener une mission de sabotage contre des installations pétrolières; craignant d’être épinglés par la police, ils prendront la fuite et se réfugieront dans une banque, où ils prendront une trentaine de personnes en otage. S’ensuivra éventuellement un assaut de la police, où deux otages seront tués, de même que les trois révolutionnaires.
Ça, c’est ce qui s’est réellement passé lors du siège d’une banque à Silverton, un quartier riche de Pretoria, la capitale. Le film prend quelques libertés artistiques avec l’histoire, notamment en faisant intervenir un quatrième larron – qui disparaîtra rapidement du paysage –, ainsi qu’en ajoutant le personnage de la fille d’un important ministre du gouvernement sud-africain, qui travaille dans la banque où aura lieu la prise d’otages.
Autrement, le film rappelle quantité d’autres longs-métrages similaires où des individus armés, qu’ils soient braqueurs, révolutionnaires, ou simples désaxés, prennent des gens en otage dans un bâtiment difficile à infiltrer. Bien entendu, il y a ici la question du racisme institutionnalisé, mais autrement, les motivations sont souvent largement les mêmes. Tout comme le dénouement, en fait. Après tout, combien d’histoires de prise d’otages se terminent avec la fuite des « méchants », ou sans effusion de sang?
Encore une fois, expliquer correctement le contexte de cette mission de sabotage aurait probablement cassé le rythme du film, mais force est d’admettre qu’en présentant les preneurs d’otages comme de simples « combattants de la liberté », on se prive de tout un pan de la véritable histoire, qui est lourde de sens.
Cela étant dit, le film n’est pas mauvais. Il est simplement… ordinaire. De quoi occuper une soirée en cherchant quelque chose sur Netflix, certainement.