Une seule danseuse sur scène. Quelques accords de guitares à demi dissimulées dans les coulisses. Le spectacle signé Enora Rivière est une exploration de ce qui fonctionne ou pas sur la scène lorsque des danseurs se produisent. La question est on ne peut plus mystérieuse. Mais ce qui est manifeste, c’est qu’à travers cette exploration, c’est une vraie présence que la danseuse manifeste.
La matière première du spectacle Manifestement, présenté sur la scène de La Chapelle à Montréal, est une série d’entretiens que la danseuse/chercheuse a soumis à de nombreux artistes comme elle. Les longues discussions qui en ont résulté portaient sur une œuvre dansée que ces artistes danseurs désignaient comme importante pour eux dans leur carrière. Et c’est ainsi qu’une multitude d’informations et de détails se retrouvent dans le spectacle.
Mais c’est à la seule prestation d’Enora Rivière que nous assistons. Car elle se fait le porte-voix, le porte-parole et surtout le porte-gestes et le porte-mouvements de toutes ces réflexions.
À travers le rideau noir à peine entrouvert qui mène vers les coulisses, on aperçoit, un, peut-être deux guitaristes. Puis, joliment éclairées, deux mains serrées l’une contre l’autre. Le silence domine même si, rarement, lentement, un bref accord de guitare se fait entendre. Toute la première partie, ma préférée, est une lente, très lente découverte du corps de la danseuse, ponctuée de ces brefs instants musicaux qui s’accélèrent progressivement.
Du côté des spectateurs, on semble retenir son souffle et l’on prend bien le temps d’observer, de ressentir le corps et les émotions de l’artiste.
Des questions et des fragments de réponses sont ensuite déclamés par la danseuse qui continue de se mouvoir au rythme des guitares qui s’intensifie. C’est aux autres artistes qu’elle donne alors le geste et la parole par son intermédiaire. Les explications sont supposées éclairer le mystère. Même le rideau des coulisses s’ouvre finalement pour révéler les musiciens et leurs nombreux accessoires. Mais ce qui fait qu’un artiste possède cette présence ou pas sur la scène n’en demeure pas moins une question sans réponse.