Après avoir dévoré le livre, condensé des années de journalisme au Japon de Jake Adelstein, impossible de ne pas être enthousiaste à l’idée d’une adaptation télévisuelle de Tokyo Vice, encore plus spécialement en raison des grands noms rattachés au projet. Le résultat final, lui, est à la hauteur des attentes. Du moins, dans les grandes lignes.
Présentée sur HBO, la télésérie met en vedette Ansel Elgort, d’abord connu pour The Fault in Our Stars, mais aussi pour avoir joué le rôle principal dans Bay Driver, le film réalisé par Edgar Wright. Cette fois, Elgort, qui a vieilli (et grandi!) depuis 2017, année de sortie du long-métrage, se glisse dans la peau d’Adelstein, pour vivre une version condensée des aventures journalistiques de ce dernier, notamment les relations bien souvent tendues et complexes avec le crime organisé.
Sous la supervision d’Adelstein lui-même, qui aide à produire l’émission, Tokyo Vice version télé raconte effectivement le fonctionnement des grands médias au Japon, mais dans une ampleur bien moindre que ce qui était indiqué dans le livre. Après tout, cela peut être compréhensible: peu de gens ont envie de passer plusieurs heures à débattre de l’aspect éthique de se lier d’amitié avec un policier pour obtenir des informations en avance, par exemple, ou de s’interroger à propos du racisme latent de la société nippone.
Oui, bien sûr, tous ces aspects sont certainement abordés dans Tokyo Vice, y compris les obstacles que Jake devra surmonter pour faire ses preuves au sein d’un journal tiré à 10 millions de copies quotidiennes, et où la compétition est particulièrement féroce pour se faire remarquer et trouver sa place.
Mais la série se concentre très largement sur la vie du monde interlope, notamment en offrant un vaste espace à des personnages qui font soit partie des yakuzas, soit qui gravitent autour de ces dangereux groupes criminels.
Est-ce une bonne chose? Bien entendu, le présent avis est celui d’un journaliste qui s’intéresse particulièrement au fonctionnement de son métier; il n’est donc pas étonnant que toutes les questions médiatiques attirent justement son attention. Pour le reste, eh bien, Tokyo Vice ressemble à à peu près n’importe quelle autre série policière, comme il en existe des centaines. La différence, ici, est que le tout se déroule au Japon, avec les différences que l’on peut imaginer. Nous ne sommes notamment pas dans un festival de fusillades, par exemple, comme cela pourrait être le cas aux États-Unis; non, ici, les bandits exécutent d’autres bandits ou de simples badauds avec des armes blanches. Et la question de l’honneur entre les voleurs et autres chefs criminels est primordiale, un peu comme dans ces anciens films sur la mafia italienne de la « belle époque ».
Ultimement, donc, cette première saison de Tokyo Vice est bonne, mais on suit le déroulement de l’intrigue sans très grand enthousiasme. Comme s’il manquait quelque chose… Peut-être est-ce simplement ce journaliste qui s’ennuie de parler de journalisme?