L’éclatement de la guerre en Ukraine aura eu raison du peu de bonne volonté qui existait entre les Américains et les Russes, du moins depuis la chute de l’Union soviétique, il y a une trentaine d’années. Selon un sondage du Pew Research Center, publié plus tôt ce mois-ci, environ 70 % des habitants des États-Unis considèrent désormais les citoyens de la Russie comme des ennemis.
De fait le coup de sonde est clair: seulement 41 % des Américains jugeaient que les Russes étaient des ennemis avant le déclenchement de l’invasion, à la fin février. Et pour une rare fois, les partisans du Parti démocrate, comme ceux du Parti républicain, s’entendent: les pro-démocrates jugent à 72 % que Moscou est l’ennemi, alors que cette proportion est de 69 % chez les pro-républicains.
Cette vision du peuple russe se répercute aussi lorsque vient le temps de juger si le président Vladimir Poutine est digne de confiance: le maître du Kremlin n’obtient l’appui que 6 % d’appuis chez la population américaine sondée par le Pew Research Center. Par comparaison, le président ukrainien, Volodymyr Zelenski, voit sa cote de confiance atteindre 72 %.
De façon peut-être encore plus importante pour la marche des affaires du monde, l’éclatement de la guerre a en quelque sorte redoré le blason de l’OTAN, l’alliance militaire dont l’objectif premier consistait à contrecarrer d’éventuelles velléités expansionnistes de l’URSS vers l’Ouest, puis celles du Pacte de Varsovie, la réponse soviétique à l’entité occidentale.
Particulièrement malmenée sous la présidence de Donald Trump, l’OTAN a semblé retrouver ses lettres de noblesse depuis l’entrée des troupes russes en Ukraine, même si ce pays n’est pas membre de l’alliance – si cela avait été le cas, cela aurait provoqué l’éclatement de la Troisième Guerre mondiale, avec des conséquences impossibles à prévoir.
Depuis le début des hostilités, toutefois, les pays de l’OTAN ont fait bloc, d’abord pour réaffirmer leur engagement à se défendre mutuellement en cas d’agression de la Russie contre l’un de ses membres, y compris du côté des pays baltes, déjà voisins de la Russie, et des autres ex-républiques soviétiques « passées à l’Ouest » depuis 1991. Ensuite, de nombreux pays membres de l’alliance ont annoncé la livraison d’armes, de munitions, d’aide humanitaire et d’autres biens à l’Ukraine, pour aider ses forces à résister aux troupes russes.
Ainsi, si 61 % des Américains avaient une opinion positive de l’OTAN, en 2021, ce taux est passé à 67 % au début du mois. De plus, environ trois sondés sur quatre (69 %) affirment que les États-Unis profitent grandement, ou en bonne partie, de leur appartenance à cette alliance militaire.