Huit personnes sur 10 surestimeraient la proportion de citoyens provenant de minorités ethniques.
Les chercheurs qui ont publié ce résultat en mars ont tenté d’évaluer la chose de 12 façons différentes et sont chaque fois arrivés à des résultats similaires, sur un total de près de 1000 participants. À des participants américains, ils ont par exemple montré 100 photos de différents visages, en demandant ensuite aux « cobayes » d’évaluer la proportion de Noirs. Alors que celle-ci était de 25%, les gens l’ont évalué en moyenne à 45%. À des participants israéliens et palestiniens de l’Université hébraïque de Jérusalem, ils ont demandé d’évaluer la proportion d’étudiants musulmans de l’université. Alors que la proportion réelle est de 9%, les participants l’ont évalué à plus de 30 %.
En psychologie, c’est un phénomène connu depuis longtemps: on remarque davantage les items qui diffèrent de la majorité, de sorte qu’on a tendance à surestimer leur présence ou à surestimer le risque. Le New Scientist rappelle l’exemple des accidents d’avions: ils sont extrêmement rares, mais les gens en ont peur, parce que le fait de relater chacun d’eux a pour effet que l’on surestime leur fréquence.
Mais appliqué à des populations, cela peut conduire à des erreurs de jugement passablement plus graves. Par exemple, chez ceux qui craignent l’immigration, leurs inquiétudes en seront renforcées. Chez d’autres, soucieux de favoriser l’accès des minorités à l’emploi, leur conviction que cette égalité est déjà atteinte en sera également renforcée.