D’abord lancée en 2017, puis rendue disponible sur Netflix depuis environ un mois, la première saison de Taboo est une expérience télévisuelle étrange qui comporte son lot de bons moments, mais aussi quelques particularités qui irritent.
Revenu à Londres en 1814, juste à temps pour enterrer son père et 10 ans après avoir disparu en Afrique et avoir été déclaré mort, lui aussi, James Delaney trimballe quantité de secrets et de traumatismes. Tour à tour, il tentera de mettre ses affaires en ordre, que ce soit en lien avec des possessions territoriales particulièrement convoitées, sur l’île de Vancouver, avec la fieffée Compagnie des Indes orientales, ou avec sa demi-sœur, qui est rongée par un terrible remords.
Sur fond d’effluves de début d’industrialisation, voilà donc Delaney qui jouera à l’équilibriste, en usant ici de chantage, là de persuasion… Quand il ne prend pas carrément les choses en main et se rabat sur la violence pure et dure pour parvenir à ses fins.
Les amateurs du Comte de Monte-Christo se retrouveront ici en terrain connu, avec cet étranger riche qui souhaite, en quelque sorte, venger les torts subis de la part de ses ennemis. On trouve aussi, dans Taboo, quelques impressions qui ne dépareraient pas dans Drood, le roman mêlant mysticisme et horreur de Dan Simmons. De fait, James Delaney, enfant d’une mère autochtone et d’un père britannique, semble hanté par d’étranges pouvoirs combinant le vaudou et la spiritualité des Premières Nations.
Cela étant dit, Taboo souffre des problèmes qui taraudent généralement les premières saisons des séries: des embranchements scénaristiques sont laissés de côté, plusieurs questions demeurent sans réponse, et on se demande si certains artifices – les séquences de mysticisme, notamment – sont simplement là pour rendre le tout plus attrayant, plutôt que pour offrir des éléments de réponse.
Pire encore, puisque l’acteur principal, Tom Hardy – dont le jeu rappelle ici Bane, dans Dark Knight Rises, ou encore son rôle dans Inception… Bref, Tom Hardy semble jouer Tom Hardy – est particulièrement occupé, le tournage de la deuxième saison semble avoir été remis aux calendes grecques.
Faut-il dont sauter à pieds joints dans Taboo? Rien n’est moins sûr. La série est bonne, certainement, tout comme son côté historique. La distribution est aussi assez solide, mais il y a effectivement ce côté manquant, cette sorte d’absence qui fait en sorte que les amateurs resteront sur leur faim.