Comment pallier à une carence en vitamine D? Si vous avez quelques siècles devant vous, la génétique pourra vous aider.
C’est possiblement ce qui a commencé à se passer en Grande-Bretagne il y a 4500 ans, et pendant l’Âge du Bronze qui a suivi. Lorsqu’on observe les gènes de différentes populations depuis cette époque, on constate des changements dans sept régions du génome qui ne peuvent pas être attribués au seul hasard: presque tous ces gènes peuvent être liés de façon plausible à une production accrue de vitamine D et de calcium. Ce qui serait conséquent avec les « pressions sélectives » que la géographie faisait peser sur ces populations, lit-on dans une recherche pré-publiée le 16 mars.
Les deux auteurs — un généticien et un statisticien — conviennent que leur analyse ne prouve pas une relation de cause à effet. Mais leur recherche attire l’attention parce qu’elle va dans le sens de ce qui ne relevait depuis longtemps que de l’intuition: puisqu’en migrant dans les pays du nord de l’Europe, les Homo sapiens ont été confrontés à des pays moins ensoleillés et à des journées plus courtes, leur peau plus sombre a dû être remplacée progressivement par une peau plus pâle, absorbant donc davantage de rayons UV, produisant donc davantage de vitamine D. L’introduction de l’agriculture a ajouté à cela une pression supplémentaire.
Or, cette intuition semble se confirmer par l’analyse de gènes: le travail de ces deux chercheurs a consisté en une analyse statistique des variants observables dans les génomes de 529 « Britanniques » de différentes époques et de 98 d’aujourd’hui.
La difficulté dans de telles analyses est de prouver qu’un variant s’est imposé dans une population parce qu’il apportait un avantage « sélectif » — une sélection naturelle — et non simplement par chance. Or, au coeur de leur conclusion figure la vitamine D: non seulement nos corps en produisent-ils plus sous l’influence des rayons UV, mais en plus, la vitamine D nous aide à absorber le calcium, qui en retour renforce les os. Deux facteurs qui apportaient un avantage « sélectif » aux humains dotés de ce variant, augmentant les chances qu’ils le transmettent à leurs descendants.
Certes, des humains vivaient dans ces régions depuis bien plus que 4500 ans. Une recherche parue en 2018 avait ainsi établi que « l’Homme de Cheddar », qui vivait en Angleterre il y a 10 000 ans, avait la peau sombre.
Mais ces prédécesseurs, explique le New Scientist, étaient des chasseurs-cueilleurs, qui pouvaient obtenir leur vitamine D par le poisson. L’introduction de l’élevage et de l’agriculture rendait les populations moins mobiles —mais ajoutait le lait à leur alimentation, source de calcium. C’est là ce que les biologistes appellent une « pression » pour l’évolution.
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