Après les dents et le cuir, la terreur et le cuir? L’artiste français Carpenter Brut, connu pour ses rythmes violents et son imagerie à la fois catholique, satanique et très slasher movie des années 1980, est de retour avec Leather Terror, deux ans après la bande sonore de l’opéra synthé Blood Machines, et presque quatre ans, jour pour jour, après Leather Teeth.
Album après album, vidéoclip déjanté après vidéoclip déjanté, Carpenter Brut a construit son univers, celui d’un monde coincé dans les années 1980, où les histoires de nerds épris de jolies jeunes femmes tournent souvent au meurtre sauvage, où les synthétiseurs, les guitares électriques et la batterie sont unis dans un déluge de notes jouées à un rythme effréné.
La formule n’est pas vraiment différente, dans ce Leather Terror: le personnage de tueur en série horriblement défiguré, d’abord esquissé dans des pièces comme Le Perv ou Sex Killer on the Loose, sur l’album-compilation Trilogy, puis plus largement défini sur le disque Leather Teeth, est de retour, certes, mais cette fois, la violence est poussée à son paroxysme. La preuve se trouve du côté de la première partie de l’album, peut-être les cinq ou six premières pièces (en comptant l’introduction), qui n’appartiennent plus nécessairement au darksynth, pour plutôt s’approcher de l’électronique plus industriel, plus dru, plus cruel, plus méchant.
Est-ce une bonne chose? Autant il est normal de souhaiter une évolution musicale dans le travail d’un artiste, autant ce changement semble… quelque peu excessif? Bien entendu, il n’est pas question de copier les deux premiers albums. Après tout, ceux-ci sont toujours disponibles, et il serait un peu ridicule de produire sans cesse la même musique.
Cela étant dit, il y a quelque chose, dans ces premières pièces, qui détonnent avec le style habituel de Carpenter Brut. Peut-être est-ce parce qu’elles se ressemblent beaucoup entre elles? Ou parce qu’on semble perdre une certaine nuance dans la mélodie? Quoi qu’il en soit, on dirait que Carpenter Brut est fâché contre quelqu’un, ou quelque chose, et qu’il pourrait en avoir oublié de donner un peu de profondeur à sa musique.
Fort heureusement, tout cela se transforme avec les sixième et septième pistes, un doublé intitulé Day Stalker / Night Prowler. L’ambiance demeure sépulcrale, certes, et il faudra peut-être vous munir d’un crucifix et d’eau bénite, mais on retrouve ce subtil mélange des genres, cette sorte de disco démoniaque qui a fait la réputation de l’artiste au fil des années.
Et la folie se poursuit sur le reste de l’album, dans le cadre de ce que l’on imagine être la messe satanique la plus dansante de tous les temps, avec machine à boucane et faisceaux lasers, s’il vous plaît.
Autre particularité, le disque démultiplie les collaborations avec d’autres artistes, généralement pour ajouter des paroles à des chansons qui étaient, jusqu’alors, largement cantonnées du côté de la musique, justement.
Alors, cet album? Bigarré, différent, audacieux par moments, un peu ennuyant par d’autres. Il ne fait aucun doute, cependant, que Carpenter Brut essaye de nouvelles choses, explore de nouvelles avenues. Et il est clair que le style évolue, se transforme. Reste à voir si cette tendance se poursuivra lors d’un éventuel prochain album. En attendant la suite, Leather Terror se laisse certainement écouter.
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