De l’art, mais sans territoire; voilà un peu ce que promet SCENIC, une plateforme rassemblant une vingtaine de lieux de diffusion, sous l’égide de la Société des arts technologiques (SAT). Explications.
Décrite comme une « solution de téléprésence artistique », SCENIC est tout sauf une déclinaison de la plateforme Zoom pour les arts de la scène, explique au bout du fil Claire Paillon, codirectrice de la valorisation de la recherche à la SAT.
« SCENIC est une plateforme développée il y a plusieurs années, et qui comprend quatre composantes: d’abord, un logiciel; une station de téléprésence avec laquelle on peut choisir le dispositif le plus approprié – pour se voir, s’entendre et échanger des données –; le réseau de diffuseurs, et la plateforme, qui est un lieu de rencontre pour tous les acteurs de la téléprésence », dit-elle.
En connectant des salles de diffusion entre elles, par exemple, et en utilisant une série de capteurs et autres appareils technologiques, il est ainsi possible « de créer des scénographies assez complexes et riches pour monter un spectacle en téléprésence », indique encore Mme Paillon.
Cette dernière précise d’ailleurs que SCENIC « se dissocie des méthodes que l’on appelle webdiffusion, dans le fait que nous proposons des expériences collectives ».
SCENIC « est plus conçu pour avoir un vrai spectacle, qui a lieu sur deux, trois scènes en même temps, avec des publics dans chaque lieu », ajoute Mme Paillon, avant d’indiquer que « la pandémie n’a pas été un révélateur, qui a fait que tout à coup, on a pu utiliser SCENIC alors que les salles de spectacle étaient fermées ».
« Là où je dirais qu’il y a quand même eu un petit coup de pouce, c’est qu’il y a eu une sorte d’éveil numérique appliqué aux arts de la scène. On a tous assisté aux diffusions web, et on en a vite mesuré les limitations. Je pense que ça a donné le goût d’essayer au monde du spectacle. Pour nous, maintenant, il est beaucoup plus facile d’aller proposer notre technologie aux gens, en leur disant de ne pas s’inquiéter, et que nous pouvons aller plus loin que la webdiffusion, on peut faire des trucs beaucoup plus éclatés, et beaucoup plus vivants. »
En ce moment, une vingtaine de lieux de diffusion sont reliés à la plateforme. La SAT en fait partie, bien sûr, mais on retrouve également des salles de spectacle à Alma, Gaspé, Rimouski, Sherbrooke… Sans compter le Musée de la civilisation, à Québec, ou encore La Tohu et la Place-des-Arts, à Montréal.
Claire Paillon précise par ailleurs qu’un bon nombre de ces salles ont pu s’équiper bien avant la pandémie, soit en 2017, à l’aide d’un financement accordé par le gouvernement en matière de culture.
« Les salles ont postulé pour pouvoir accéder à tout cela, notamment en indiquant comment elles s’en serviraient. Et depuis ce processus, deux autres salles ont décidé d’acquérir le tout par elles-mêmes. De notre côté, nous ne sommes pas en démarchage, comme tel, mais nous travaillons plutôt à la mise au point d’installations et d’appareils connectés plus accessibles, et plus faciles à utiliser. En ce moment, les stations ont besoin d’un personnel hautement qualifié, mais si nous voulons aller dans d’autres lieux de diffusion comme des bibliothèques, des écoles, et d’autres musées, ce personnel n’est pas là. »
La plateforme SCENIC semble donc avoir un bel avenir devant elle. Au plus grand plaisir des créateurs, mais aussi du public.
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