Plus du quart des femmes (27 %) ont subi de la violence de la part de leur partenaire avant d’atteindre l’âge de 50 ans, selon une analyse mondiale effectuée par des chercheurs de l’Université McGill et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ladite analyse, la plus importante jamais effectuée à ce sujet, regroupe 366 études ayant impliqué plus de 2 millions de femmes vivant dans 161 pays.
« La violence des partenaires amoureux contre les femmes – qui comprend de la violence physique et sexuelle perpétrée par des conjoints, des petits amis et d’autres partenaires – est largement répandue à l’échelle mondiale », déplore Mathieu Maheu-Giroux, professeur à l’Université McGill.
Selon les conclusions publiées dans The Lancet, une femme sur sept (ou 13 %) a subi de la violence de la part d’un partenaire au cours de la dernière année de la période étudiée, soit entre 2000 et 2018. L’analyse a également permis de déterminer qu’il existait des niveaux importants de violence contre les jeunes femmes, 24 % des femmes âgées de 15 à 19 ayant subi de la violence au sein de leur couple.
Si ces données sont alarmantes, la véritable ampleur de la violence est probablement bien plus importante, affirment les chercheurs, qui notent que les études s’appuient sur des témoignages volontaires. En raison de la nature stigmatisante de cette violence, les femmes peuvent hésiter avant de rapporter leurs expériences, soutiennent les scientifiques.
Moins de violence dans les pays riches
Les chercheurs ont constaté qu’il existait des variations régionales, les pays les plus industrialisés recensant moins de violence domestique envers les femmes à la fois au cours de la dernière année et dans l’ensemble de la vie des personnes interrogées. De fait, la violence vécue tout au long d’une vie, chez les femmes de 15 à 49 ans, était la plus présente en Afrique du Sud, en Asie du Sud, ainsi que dans certaines parties de l’Amérique du Sud. Les régions avec le moins de violence domestique envers les femmes, pendant toute une vie, sont l’Asie Centrale et l’Europe Centrale.
La proportion des femmes ayant subi de la violence domestique au cours de la dernière année s’élevait à environ 5 % en Amérique du Nord, en Europe et dans la région de l’Asie-Pacifique. Dans certaines régions d’Afrique, cette proportion pouvait atteindre 15, voire 30 %.
Le Canada en bonne position
« Si le Canada est l’un des 30 pays avec le plus bas taux de violence entre partenaires, il s’agit malgré tout d’un problème qui y touche 1 femme sur 25 », note le professeur Maheu-Giroux. « Certaines provinces canadiennes tentent de trouver des méthodes pour s’attaquer à cette violence domestique. Au Québec, par exemple, le gouvernement a approuvé un projet pilote, en 2021, pour créer un tribunal spécial pour les victimes de violence domestique et sexuelle », a-t-il ajouté.
« Notre étude démontre que les gouvernements ne sont pas en bonne voie pour atteindre les objectifs visant à éliminer la violence contre les femmes et les filles. Une chose importante à retenir est que même dans des pays riches, la prévalence de la violence domestique est relativement importante, ce qui nécessite donc un investissement en prévention à des niveaux locaux et global », poursuit M. Maheu-Giroux.
« Seulement au Québec, nous avons connu une vague de 17 féminicides en 2021 – la conséquence la plus extrême de la violence entre partenaires et le total le plus important en plus d’une décennie », a-t-il dit.
Selon les chercheurs, à l’échelle mondiale, le problème a probablement été exacerbé par la pandémie de COVID-19. Il y a un besoin urgent de renforcer la réponse de la santé publique face à la violence domestique, et de s’assurer que ce problème est traité dans la foulée des efforts de reconstruction à la suite de la crise de la pandémie, concluent-ils.
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