« It’s been a long time / I used to call you, at night »: voilà, le ton est donné. Neuf ans après la sortie d’OutRun, l’artiste français Kavinsky propose un deuxième disque. Et à l’instar de la chanson titre de cet album intitulé Reborn, le maître des synthétiseurs est de retour, mais sous une forme différente.
Impossible, en 2013, de passer à côté du phénomène; bien entendu, le fait que Nightcall, pièce culte, figurait sur la bande sonore du franchement excellent film Drive, incarnation même de cette esthétique d’un monde de voitures, de conduite et de béton baignant dans une lumière couleur néon tirée des années 1980, a servi à propulser l’album (et son créateur) vers les sommets, mais l’ensemble de l’oeuvre s’inscrivait parfaitement dans cette montée en popularité du synthwave et de l’esthétique outrun, justement.
Neuf ans plus tard, après l’arrivée de quantité d’autres artistes et de sous-genres, Kavinsky revient donc avec 12 pistes, mais aussi un nouveau regard sur l’univers musical électronique. Plutôt que de reprendre son bâton du pèlerin avec des pièces aux sonorités similaires à celles de son précédent disque, notamment en incluant une base plus dansante et des percussions relativement constantes, l’artiste n’oublie pas ses racines, certes, mais se concentre sur ce que l’on pourrait qualifier de renouveau… en regardant vers l’arrière?
Plutôt que de donner dans le boum-boum pur et simple – et même s’il y a un peu de cela, quand même –, Kavinsky emprunte ici en partie le chemin de Daft Punk avec Random Access Memory: plutôt que de pousser vers une « électronification » plus importante du son, avec des rythmes et des mélodies toujours plus artificielles, l’artiste français se tourne vers ce qui ressemble parfois pratiquement à du jazz: les sons sont doux, enveloppants; les mélodies tiennent parfois plus de la balade et du slow que du synthwave pur et dur.
Et le résultat? L’approche est certainement différente; pas question de s’engager dans Reborn en s’attendant à quelque chose de particulièrement dansant, sur lequel on hochera la tête en cadence. D’ailleurs, plusieurs artistes qui donnaient dans la musique plus directe, si l’on peut dire, comme Perturbator, on adopté une approche plus mesurée, ou ont décidé de donner cours à leurs propres explorations musicales depuis quelques années. Même Carpenter Brut, pourtant un spécialiste de ce genre, avec un mélange de hard rock et de darksynth, a récemment proposé des variations intéressantes.
Bref, Kavinsky prend un pas de recul et élargit son registre, notamment en utilisant des instruments et des méthodes de l’âge d’or de l’électronique, quand le son était toujours analogique. Ce n’est pas pour rien que le premier extrait de l’album présenté au public, Zenith, arbore illustration d’accordéon; le rétro est à l’honneur, et c’est tant mieux.
Reborn est donc davantage une transformation qu’un grand retour. Le genre d’album qu’il faudra écouter à plusieurs reprises pour en saisir toutes les subtilités. Un disque à écouter en filant sur l’autoroute, mais davantage en mode promenade que dans l’optique de réaliser des excès de vitesse.
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