Qui dit Théâtre de la Pire espèce, dit la plupart du temps très bons jeux clownesques, emploi de marionnettes et d’objets bizarres en tous genres, farces, facéties et autres légèretés humoristiques par l’usage immodéré et particulièrement bien vu de nombreux clichés qui rendent les spectacles toujours très agréables.
S’y ajoute parfois une petite dose d’érudition – pourquoi pas? Et cela donne, par exemple, Persée, cette fable archéo-mythologique qui nous plonge dans un début de XXe siècle rêvé où de savants archéologues n’hésitaient pas à prendre les récits des Anciens au pied de la lettre pour exhumer du sol des « preuves » de l’existence des anciens mythes et de leurs dieux…
Persée n’était pas un dieu mais un héros de la mythologie grecque. Fils de Zeus apparu sous la forme d’une pluie d’or à sa mère Danaé, Persée est très tôt amené à vivre bien des aventures, dont celle de la rencontre avec la gorgone Méduse, cette divinité terrifiante dont le seul regard a le pouvoir de pétrifier, et cela au sens propre du terme.
Du coup, si les yeux de Méduse ont été vraiment capables de transformer en pierres inorganiques certains humains vaincus par Persée, il devrait être possible d’en retrouver quelques traces dans certains artefacts…
Les trois savants archéologues interprétés par Olivier Ducas, Nicolas Germain-Marchand et Francis Monty sont par leurs allures vestimentaires tout droit sorties d’anciennes bandes dessinées du début du XXe siècle, ou de vieux livres aux photos couleur sépia. Leurs voyages scientifiques les entrainent un peu partout dans le monde, Genève, New York, Paris et quelques îles grecques bien sûr… Leurs communications orales craquent comme de vieux 33 tours usés. Et tout le spectacle ressemble à ces premiers films du cinématographe où les dialogues étaient souvent remplacés par de longs textes à lire.
Il y a le jeu des personnages dont l’un est un peu le souffre-douleur des deux autres. Et mille détails, portés par des objets insolites, qui nous transportent de la tour d’airain où est enfermée Danaé à un musée doté d’audioguides efficaces, en passant par le « bureau d’information mythologique » et des voyages en bateau sur la mer méditerranée.
Autant dire que l’on voyage beaucoup, mais c’est surtout un voyage dans le temps que propose cette fable, un temps lui-même mythique où les scientifiques, à l’instar d’Heinrich Schliemann qui ne découvrit rien moins que la ville de Troie et d’autres sites importants, faisaient encore rêver en matérialisant ce qui n’appartenait encore qu’à la seule littérature.
Persée, fable archéo-mythologique, jusqu’au 26 mars au Théâtre aux Écuries
Texte et mise en scène : Olivier Ducas, Mathieu Gosselin et Francis Monty
Interprétation : Olivier Ducas, Nicolas Germain-Marchand et Francis Monty
Scénographie et éclairages : Jonas Bouchard
Conception sonore : Simon Cloutier
Production : Théâtre de la Pire Espèce
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