Comme si la situation en Ukraine, avec son impact important sur la production mondiale de blé, n’était pas suffisante, voilà que la sécheresse menace de nouveau l’Afrique de l’Est, où l’absence de pluie pourrait signifier la famine pour plusieurs dizaines de millions de personnes.
Ce triste constat, mis de l’avant par l’organisation Oxfam, est présenté comme un danger sous-jacent de la guerre en Ukraine: si tous les yeux sont ainsi tournés vers l’invasion russe et les impacts humanitaires très importants de cette crise, l’Afrique, elle aussi, souffre.
De fait, Oxfam juge qu’il est « urgent de mobiliser dès maintenant une aide humanitaire de premier plan et soutenir les 21 millions de personnes qui souffrent déjà de faim sévère en raison des conflits, des inondations et
d’une grave sécheresse depuis deux ans dans les pays de la région », plaide l’organisation.
« Une catastrophe majeure se prépare dans certaines régions d’Éthiopie, du Kenya, de la Somalie, du Soudan du Sud et ailleurs. Même si des pluies arrivent en mars, les dégâts seront considérables si des mesures urgentes ne sont pas prises dès aujourd’hui », avertit ainsi la coordonnatrice humanitaire d’Oxfam-Québec, Céline Füri, par voie de communiqué.
De son côté, la directrice générale d’Oxfam-Québec, Denise Byrnes, juge que la situation alimentaire en Afrique de l’Est n’ira qu’en empirant, notamment parce que la forte réduction de la production du blé, en Russie comme en Ukraine, fait déjà fortement grimper les prix, le tout dans un contexte d’inflation galopante.
Mardi, d’ailleurs, le gouvernement ukrainien a annoncé que la superficie des terres ensemencées pour la culture des céréales, cette année, ne représentera que la moitié de la surface cultivée l’année précédente, en raison des combats et des impacts sur l’économie ukrainienne.
Comme le mentionne Oxfam, les pays d’Afrique de l’Est importe jusqu’à 90 % de leur blé en provenance de l’Ukraine et de la Russie. Déjà, en 2010/2011, des hausses similaires des prix alimentaires avaient précipité 44 millions de personnes dans une situation de pauvreté extrême au niveau mondial. D’après les estimations, l’inflation actuelle devrait être encore plus dévastatrice, prévient-on.
« L’Afrique de l’Est ne peut pas attendre. La crise alimentaire s’aggrave de jour en jour à cause des changements climatiques et de la COVID-19. Oxfam appelle tous les bailleurs de fond internationaux à mobiliser de toute urgence les sommes nécessaires, et à apporter dès que possible un soutien financier aux organisations humanitaires locales. Dans les zones de conflits, les gouvernements et les parties belligérantes doivent s’assurer que les organisations humanitaires comme Oxfam peuvent appuyer les personnes les plus vulnérables en toute sécurité », martèle la directrice générale d’Oxfam International, Gabriela Bucher.
Cet appel à la solidarité survient alors que d’autres spécialistes invitent justement les économies de la planète à développer des modèles de production alimentaire qui ne dépendraient plus d’une poignée de fournisseurs. Ce modèle, par ailleurs axé sur une consommation moindre de combustibles fossiles, notamment en raison de la réduction du transport international, ne devrait cependant pas voir le jour avant plusieurs années, au plus tôt.
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