Les catastrophes comme les ouragans, les feux de forêt, les inondations, les tornades et les sécheresses gagnent non seulement en intensité et en fréquence, mais se produisent aussi aux mêmes endroits à plusieurs reprises. Jusqu’à maintenant, pourtant, les recherches sur ces événements extrêmes portent principalement sur des événements individuels, et ne tiennent pas compte des effets à long terme qui font en sorte que les citoyens sont vulnérables, dans la foulée de désastres à répétition.
Pour améliorer la capacité de prédiction, dans le but de mieux se préparer en vue des futures catastrophes, une équipe interdisciplinaire de chercheurs a mis au point un cadre visant à accroître la compréhension scientifique des « désastres importants récurrents » (RADs). Leurs travaux ont été publiés dans Science Advances.
Le coauteur des travaux, Steward Pickett, spécialisé en écologie urbaine, affirme que « ce genre de désastres frappent un endroit spécifique avec le temps. Chaque événement peut créer des conditions pérennes qui transforment les effets des catastrophes subséquentes. À mesure que les RADs deviennent de plus en plus fréquents et intenses, examiner les désastres comme étant liés – plutôt que comme des événements isolés – sera essentiel pour améliorer la science derrière les désastres, les mesures de préparation, ainsi que les résultats dans les communautés touchées ».
Alimentés en partie par les changements climatiques, la croissance de la population dans les zones à risque, et une mauvaise préparation en prévision des sinistres, les RADs sont une menace croissante envers la qualité de l’environnement, l’activité économique, ainsi que la santé et la sécurité publiques.
Parmi les exemples d’événements qui commencent à se produire en séquence, on compte les feux de forêt dans le Midwest américain, les inondations sortant de l’ordinaire en Europe, ainsi que les ouragans de grande puissance dans les Caraïbes. Les impacts de ces séries d’événements affectent de façon disproportionnée les populations vulnérables, y compris les gens moins bien nantis et les personnes racisées, qui sont généralement sous-représentées en matière de gouvernance en lien avec les catastrophes, les questions politiques, ainsi que le processus de revitalisation post-désastre.
Le fait de comprendre ces conditions sous-jacentes – les comportements et les conséquences à long terme provoqués par un désastre qui influencent les effets de la catastrophe suivante – peut aider les gestionnaires de services d’urgence à identifier les menaces et les besoins, indiquent les chercheurs.
De fait, les auteurs de l’étude proposent un cadre pour guider les futurs travaux de recherche sur les RADs qui tient compte de la relation spatiale entre les désastres récurrents; de l’écosystème humain rassemblant l’état de diverses ressources essentielles, la situation démographique, et l’état des institutions sociales; ainsi que les tendances en matière de conditions à long terme – en gros, si les effets des désastres s’intensifient ou diminuent (ou les deux) entre deux catastrophes.
Porto Rico a ainsi été utilisée comme cas d’espèce pour déterminer comment une approche basée sur les RADs pourrait permettre d’améliorer les résultats et développer une résilience.
Ce territoire américain a été frappé par une série de RADs entre 2017 et 2020, y compris les ouragans Irma et Maria, puis une sécheresse, et enfin, des tremblements de terre en janvier 2020. Chaque événement a créé des conditions subséquentes, qui ont exacerbé les vulnérabilités sociales, environnementales et celles liées aux infrastructures. Les efforts visant à se préparer pour de futurs événements doivent être pris en compte, jugent les chercheurs.
« La situation à Porto Rico depuis 2017 a mené à ce que nous décrivons comme des conditions à long terme négatives, y compris des infrastructures du secteur de l’énergie détériorées, une perte de confiance du public envers les institutions gouvernementales, et un système de santé publique sous très forte pression », mentionne Miguel Roman, lui aussi coauteur de l’étude.
« Puisque les conditions à long terme ont des impacts différentiels sur les communautés vulnérables, des problèmes en matière d’équité et de justice environnementale peuvent aussi être mieux réglés avec des politiques spécialement conçues pour les RADs. »
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