Une femme doit-elle obligatoirement faire des enfants? Perpétuer l’espèce humaine est-il un impératif sociétal absolu? La question continue de se poser en 2022, y compris sous la forme de Notre petite mort, une pièce de théâtre d’Émilie Lajoie mise en scène par Sophie Cadieux dans la salle intime du Prospero.
Pascale veut un enfant. Martin aussi. Mais les circonstances sont contre eux. Et la chose prend une telle importance que leur couple en souffre, forcément. Après tout, quels sont les piliers de la vie adulte, au juste? Acheter une maison? Se marier? Faire des enfants? Installer une piscine hors terre? Consommer, simplement?
Tout cela, la pièce de Mme Lajoie l’aborde directement, ou en filigrane. Sur la scène, le comédien Simon Rousseau et Émilie Lajoie elle-même s’attaquent à ces sujets, qui sont présentés en direct de la chambre du couple.
Oh, il y a bien un rideau translucide placé entre les spectateurs et les acteurs, mais l’espace est tellement réduit dans cette salle intime que l’accessoire semble presque être là pour créer un gag, plutôt que pour servir de véritable mesure de « distanciation » théâtrale, en quelque sorte.
Malgré tout, impossible de ne pas avoir l’impression de jouer à la fois le rôle de voyeur, et d’assister, dans un certain secret, aux joies, mais aussi aux peines de ce couple autrement tout à fait ordinaire. D’ailleurs, ironie du sort, l’emplacement du siège de ce journaliste, complètement à l’avant, sur le côté, a fait en sorte que les plis du rideau, sans doute un obstacle visuel négligeable pour les spectateurs assis davantage face à la scène, plutôt qu’en biais, ont plutôt un peu trop bien joué leur rôle, bloquant du même coup une bonne partie de l’action. À peine était-il possible de distinguer, lorsque les répliques étaient données sur une certaine partie de la scène, un morceau de visage ici et là, quand celui-ci était en droite ligne d’une section de tulle plus transparente.
L’aspect le plus irritant de la pièce, en fait, est probablement le fait que Mme Lajoie a jugé nécessaire d’inclure de nombreux gags et blagues dans son texte. Quelques échanges rigolos par-ci, par-là, pour détendre l’atmosphère, cela passe encore, mais dans l’état actuel des choses, on en vient à ne plus savoir quelle attitude adopter face à cette oeuvre. Est-ce un drame à propos des déchirements d’un couple ne sachant quoi faire face aux diktats sociaux? Ou est-ce une comédie dramatique, avec des quiproquos, des blagues visuelles… Bref, suffisamment de choses pour faire éclater les spectateurs de rire.
Quel message veut-on envoyer, au juste? Le ton est malheureusement beaucoup trop inégal pour son propre bien, et on ressort de la salle, une heure et des poussières plus tard, sans savoir à quel saint se vouer. C’est bien dommage.
Notre petite mort, écrit et co-interprété par Émilie Lajoie, mise en scène de Sophie Cadieux; mettant également en vedette Sylvie Potvin et Simon Rousseau. À la salle intime du Prospero jusqu’au 19 mars.
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