Schefferville: un simple nom sur une carte pour beaucoup, une ville morte pour d’autres, mais une réalité tout à fait tangible pour plusieurs. C’est dans cette municipalité pas tout à fait disparue, pas tout à fait revenue à la vie, qu’un couple se rend pour disperser les cendres de Michel, le père de Sophie. Mathieu, lui, accompagne sa douce, mais se retrouvera bientôt mêlé à une étrange histoire de deuil mâtinée de violence. Bienvenue dans le Nouveau-Québec.
Premier long-métrage de la réalisatrice Sarah Fortin, qui signe aussi le scénario, Nouveau-Québec est d’abord une histoire de deuil. Le deuil d’avoir perdu un père, bien sûr, mais aussi le deuil d’avoir perdu ce qui a été, pendant quelques brèves années, un chez-soi.
Car Sophie et sa famille faisaient partie des habitants blancs à vivre à Schefferville; du moins, jusqu’à ce que la mine de cette ville mono-industrielle ferme ses portes, provoquant un exode de travailleurs. Mais quitte-t-on vraiment la ville qui nous a vus naître? Et une fois revenu(e) sur ces lieux chargés d’un lourd passé, est-on à risque de découvrir des secrets dont on n’espérait qu’une chose, c’est-à-dire qu’ils disparaissent dans les méandres du temps qui passe?
Forcés de demeurer sur place après un accident mortel qui a impliqué l’oncle de Sophie, le couple s’enfonce dans l’ennui. Dans le Nord, tout semble fonctionner plus lentement: la police, les services publics, les transports. Livrés à leurs pensées, Sophie et Mathieu voient leur relation péricliter. Que sont-ils vraiment venus faire ici? Se donner trop de temps pour réfléchir était-il dangereux?
Dans un décor aussi magnifique que vide, aussi beau que souillé par une existence morne et sans grand avenir, Nouveau-Québec vient casser l’image des grands espaces, généralement synonymes de liberté. Ici, l’éloignement est symbole d’isolement, de doute, mais surtout d’ennui.
Si l’on peut relativement aisément deviner certains développements, certains détours scénaristiques, Sarah Fortin échappe heureusement aux pièges classiques d’une histoire de ce genre. Fort heureusement, d’ailleurs, parce que son premier long-métrage laisse une étrange impression aux cinéphiles, une fois que le générique apparaît; comme un sentiment doux-amer d’inachevé, ou encore, comme l’idée d’un pèlerinage autant intérieur qu’extérieur qui mène à des conclusions inattendues.
Film aux belles images, film triste, film efficace, Nouveau-Québec se démarque sans peine. À voir, dès le 18 mars.
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