S’il ne faut pas parler de Bruno – enfin, c’est selon les membres de la famille Madrigal –, il est tout à fait permis de parler d’Encanto, le plus récent film d’animation de Disney, qui s’articule notamment autour de chansons créées par nul autre de Lin-Manuel Miranda, qui a entre autres séduit le monde avec Hamilton.
Dans Encanto, donc, les spectateurs suivent les aventures de Mirabel, une adolescente rêvant d’aventure… Mais rêvant surtout d’avoir un pouvoir spécial. Car dans la famille Madrigal, tous les descendants en règle du couple originel, Pedro et Alma, disposent d’une habileté spécifique qui les rend uniques. L’une a l’ouïe très fine, l’autre transforme ses humeurs en phénomènes météo, l’un peut changer d’apparence au besoin, mais Mirabel, elle, n’a jamais eu ce pouvoir conféré par une bougie magique qui accompagne justement la famille depuis les débuts, et qui représente le coeur de l’encanto, un petit coin perdu de la Colombie, isolé au coeur d’une vallée, et qui protège la famille (et leurs voisins) contre les dangers de l’extérieur.
Frustrée de se sentir inutile, Mirabel a une vision terrible: la maison familiale en ruines et, pire encore, la fameuse bougie magique qui s’éteint. Et en cherchant à assurer la continuité du legs familial, l’adolescente va plutôt provoquer une éventuelle catastrophe.
Certes, les thèmes sont relativement classiques – syndrome du « vilain petit canard » en plein passage de l’adolescence vers l’âge adulte, tensions au sein de la famille, clash de la nouvelle génération avec les valeurs traditionnelles, etc. –, mais la grande force d’Encanto se déploie sous trois aspects.
D’abord, la qualité de l’animation est superbe. On ne se trouve pas, ici, dans les visuels éclatés et déjantés d’Into the Spider-Verse, par exemple, ou The Mitchells vs The Machines, qui rassemblait sensiblement la même équipe technique. Non, Disney donne ici dans le dessin traditionnel, avec quelques tartufferies ici et là, mais le niveau de détail est fantastique, tout comme le soin accordé à l’expression des émotions.
Cela se combine, bien sûr, à un doublage hors pair, ici compris lors des chansons. Parlons-en, d’ailleurs, des chansons: le film est clairement destiné aux enfants, mais les adultes se laissent volontiers prendre au rythme, et il n’est jamais désagréable de choisir de prendre un pas de recul et d’accepter que le film prenne quelques minutes à nous expliquer quelque chose avec moult mouvements, paroles et effets visuels.
En ce sens, Lin-Manuel Miranda a fait du très bon travail.
Ce qui vient compléter la liste des bons côtés du film, c’est la volonté de présenter un film inclusif. Déjà, de le situer en Colombie permet de le classer dans une mouvance fort intéressante consistant à donner plus de consistance aux personnages et scénarios provenant d’Amérique Latine. Ensuite, on a droit à diverses teintes de peau, divers accents, diverses apparences corporelles, etc. Rien de forcé, mais tout pour faire comprendre que chacun a droit à sa place.
Encanto est un film franchement très bien réussi. Et si les enfants y trouveront probablement plus de plaisirs que les plus vieux, il n’en reste pas moins que la plus récente proposition animée de Disney est solide.
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