Gilles de Maistre essaie de redonner vie à un genre qui a pratiquement disparu : les films d’animaux. Plus militant que son effort précédent (c’était possible, apparemment!), Le loup et le lion arrive néanmoins à faire des petits miracles à ses heures, malgré les défauts cinématographiques grinçants du reste de l’œuvre.
Délaissés de plus en plus, puisque plus difficiles d’un point de vue de tournage et pour éviter les scandales ou les cas de maltraitances, souvent relégués à des versions d’eux en images de synthèse, comme les abominations de Jon Favreau, les animaux font toutefois un certain retour au grand écran. Un genre dont la France s’est toujours grandement entichée. Puis récemment, en plus des Belle et Sébastien, il y a aussi les films de Nicolas Vanier. Et comme la simple amitié homme et bête commence à sonner la redite, De Maistre a voulu voir plus grand et s’est lancé dans le pari fou d’une amitié entre un lion et un loup, une réussite admirable qui paraît particulièrement bien au grand écran.
Dans le film, toutefois, qui est dénué d’acteurs d’intérêt (Mia and the White Lion comptait sur la présence notable de Mélanie Laurent, alors qu’ici Molly Kunz et Graham Greene, bien que sympathiques, n’ont rien pour attirer le public), le cinéaste sait plus que jamais que toute la raison d’être de son film se situe auprès des animaux et de l’amitié inattendue qui les unis. Ils sont après tout foncièrement attachants et irrésistibles et chaque fois qu’on peut les admirer il est impossible de détacher notre regard. Dommage, alors, que malgré que l’histoire soit demeurée plus simpliste; on passe beaucoup trop de temps à développer cette dernière (tout ce qui se rapporte au piano, le côté cirque, etc.) et à s’entourer de personnages aux limites du ridicule.
D’ailleurs, si la majorité des comédiens font du mieux qu’ils peuvent pour donner tout leur sérieux dans ce qui a continuellement l’air d’un mauvais téléfilm, il faut saluer la performance volontairement ou involontairement loufoque de Charlie Carrick qui en fait des tonnes, se démarquant du même coup de tous ses collègues.
Bien sûr, le film assume à grandes enjambées son côté familial et il est très difficile de voir cette œuvre pour autre chose qu’un long-métrage mineur à voir avec ses plus jeunes et, peut-être, les sensibiliser ici et là à la protection de la faune et la flore (pourquoi pas?). Sauf que les très mauvais tics du réalisateur remontent rapidement à la surface et son désir de charmer le public américain ne fait pas dans la dentelle, que ce soit avec des ralentis, des chansons sirupeuses aux paroles qui ne font preuve d’aucune subtilité.
Néanmoins, cette coproduction de la France et du Canada permet de retrouver les compositions sensibles de Armand Amar, alors que les images sont une gracieuseté de Serge Desrosiers, directeur photo réputé d’ici.
Pour le reste, on aurait préféré largement que De Maistre renoue avec ses instincts documentaires, comme la fiction finit par le pousser largement à manquer de crédibilité, sans enlever à la beauté du reste, le vrai, quand il lui laisse le temps de respirer, un peu.
À noter que le film a été vu dans sa version doublée en français.
Le loup et le lion ou The wolf and the lion prend l’affiche en salles ce vendredi 25 février.