Restreindre la publicité permise pour des aliments et des boissons riches en gras, en sel et en sucre, à travers le réseau de transport collectif de Londres, aurait permis de réduire de façon importante la quantité de calories achetées par les ménages de la région, selon une nouvelle étude publiée dans PLOS Medicine.
Dirigée par la London School of Hygiene & Tropical Medicine (LSHTM), l’étude en question s’est appuyée sur près de deux millions d’achats de tels aliments pour estimer les impacts de la politique, en vertu de laquelle la quantité de panneaux publicitaires du réseau de transport public de la capitale britannique pouvant être utilisés pour promouvoir de tels produits est réduite. Cela comprend le métro de Londres, le réseau ferroviaire en surface, ainsi que les arrêts d’autobus.
Les scientifiques ont constaté que la politique était associée avec une réduction d’environ 1000 calories (6,7 %) parmi les achats d’aliments et boissons sucrées, salées et grasses, comparativement à ce qui ce serait produit sans la mise en place de cette politique. De façon plus importante encore, avancent les chercheurs, les achats hebdomadaires de chocolats et d’autres sucreries ont reculé de 318 calories, environ, ou près de 20 %.
Les achats hebdomadaires de produits gras, riches en gras saturés et sucrés ont aussi reculé chez les ménages londoniens exposés aux restrictions publicitaires, comparativement aux autres ménages, avec des reculs de 6,5 %, 7,3 % et 10,5 % respectivement.
L’équipe de recherche a également constaté, en partie, que les effets étaient encore plus importants chez les ménages comptant une ou plusieurs personnes obèses.
La Dre Amy Yau, l’autrice principale de l’étude, affirme que « plusieurs gouvernements et autorités locales envisagent de restreindre la publicité en vue de réduire la consommation de produits riches en gras, sel et sucre dans le cadre de stratégies de prévention de l’obésité. Cependant, l’efficacité de telles politiques, particulièrement à l’extérieur des grands médias, est très limitée ».
« Notre étude permet de combler ce manque de connaissances, en démontrant que la politique des transports collectifs londoniens était une source d’inspiration potentielle pour les décideurs voulant réduire les maladies liées à l’alimentation. »
En novembre 2018, les restrictions publicitaires mises en place dans le réseau de transport collectif de Londres ont été annoncées par le maire d’alors, et elles sont pleinement entrées en vigueur le 25 février 2019.
Au total, les chercheurs estiment que les réductions d’achat de produits gras, sucrés et salés représentent environ une barre de chocolat et demie en moins par semaine.
D’autres mesures à venir?
Selon le professeur Steven Cummins, lui aussi impliqué dans l’étude, « les impacts observés sont plus importants que ceux évoqués en vue de la taxe britannique sur l’industrie des boissons gazeuses, c’est-à-dire les impacts évoqués en fonction d’une interdiction des publicités pour les aliments sucrés, gras et salés après 21h, ou une taxe de 20 % sur les produits sucrés ».
Au dire du chercheur, les législateurs britanniques, qui évaluent présentement un projet de loi sur la santé, disposent ainsi de données probantes sur l’efficacité de la restriction de la publicité de tels aliments, et l’étude pourrait aider à faire accepter la proposition gouvernementale visant à interdire toute publicité en ligne pour les aliments sucrés, salés et gras.
Les scientifiques précisent cependant qu’en fonction des résultats de leur étude, les restrictions sont efficaces pour réduire la croissance des achats de malbouffe, mais pas les achats eux-mêmes, dans l’absolu.
« Il faut d’autres travaux », estime le professeur Cummins, « mais nos recherches portent à croire que ce type de politiques pourrait avoir un impact important sur la réduction de la consommation d’aliments riches en gras, en sucre et en sel, en plus d’offrir un outil d’intervention potentiellement efficace dans d’autres domaines de la santé, comme la réglementation de la consommation d’alcool, ou encore du côté de la publicité pour les jeux de hasard. »
Le maire de Londres, Sadiq Khan, a de son côté jugé « qu’il est scandaleux que Londres souffre d’un taux aussi élevé d’obésité infantile, et que dans une ville aussi prospère que la nôtre, l’endroit où vous vivez et ce que vous gagnez puissent avoir un impact aussi important sur l’accès, ou non, à des aliments sains et nutritifs ».