La pire sécheresse en 1200 ans: c’est ce que vivrait depuis deux décennies le Sud-ouest des États-Unis. À cette importante différence près qu’il y a 1200 ans, il n’y avait pas des dizaines de millions d’habitants dans la région, une agriculture dévoreuse d’eau et des villes connaissant la plus grosse croissance des États-Unis.
« Nous avons une société qui s’appuie sur les quantités d’eau qu’il y avait dans les années 1900 », commente l’auteur principal de la recherche parue le 14 février, le bioclimatologue Park Williams, de l’Université de Californie.
Avec deux collègues de l’Observatoire de la Terre à l’Université Columbia, il est derrière une reconstruction des climats de la région depuis l’an 800 —plus précisément, une reconstruction de ce que devait être le niveau d’humidité des sols et la quantité de neige accumulée. Déjà, une recherche antérieure avait conclu qu’à une seule reprise dans le dernier millénaire, soit à la fin des années 1500, le déficit d’humidité des sols avait été supérieur au déficit d’humidité des sols des 19 premières années du 21e siècle (de 2000 à 2018). À présent, si on ajoute à cela les trois années suivantes, les deux décennies de notre siècle prennent la première place: aucune période comparable n’affiche un niveau de sécheresse comparable en 12 siècles. Et 2022 s’annonce aussi pire.
Les auteurs attribuent 19% de la très sévère sécheresse de 2021 — encore plus sévère que d’habitude — au réchauffement climatique d’origine humaine et 42% de la « sécheresse étendue » des 22 dernières années.
Pas étonnant que les gestionnaires de l’eau de la région s’arrachent les cheveux depuis plusieurs années. Le niveau des grands réservoirs que sont les lacs Mead et Powell diminue régulièrement —ils ne sont plus qu’au tiers de leur capacité— les précipitations hivernales dans les montagnes sont généralement insuffisantes pour redonner aux cours d’eau —en particulier le fleuve Colorado— ce dont ils auraient besoin pour alimenter la région. Et les efforts pour économiser l’eau se heurtent à l’opposition des agriculteurs, des citoyens… et des propriétaires de terrains de golf. Tout au plus, les trois plus gros « consommateurs » du fleuve Colorado —la Californie, le Nevada avec sa métropole, Las Vegas, et l’Arizona, avec sa métropole, Phoenix— ont-ils récemment signé une entente par laquelle ils réduiront la quantité d’eau qu’ils puisent dans le fleuve.
Il y a certes, à l’occasion, des exceptions aux mauvaises nouvelles: en décembre, la Sierra Nevada, en Californie, a battu un record au niveau des chutes de neige. Mais un début d’année plus sec et plus chaud que la normale a fait chuter la couche de neige sous la moyenne.