On attendait bien des choses de ce Book of Boba Fett, la série télé mettant en vedette le chasseur de primes le plus célèbre de l’univers de Star Wars. Après deux saisons de The Mandalorian, avec justement une apparition fort remarquée de Boba Fett, la barre était bien haute. Et force est d’admettre, après le septième et dernier épisode de cette saison – ou minisérie? –, l’ensemble est divertissant, soit, mais quelque peu bigarré. Voire incertain de sa propre identité.
L’ennui, avec des univers dans lesquels on multiplie les personnages, c’est qu’en augmentant le nombre de propositions, on ouvre la voie à des interventions de « collaborateurs » ici et là, au gré des besoins. Les films et les séries de Marvel en sont un parfait exemple; rares sont les propositions culturelles de l’empire de la BD adaptée à l’écran où l’on ne voit pas une référence, ou on n’a pas droit à l’apparition de tel ou tel autre superhéros ou méchant, que ce soit durant la partie « régulière » de l’oeuvre, ou encore dans une scène au générique.
Et comme non seulement Star Wars appartient à Disney, tout comme Marvel, et que Jon Favreau et Dave Filoni, déjà à l’oeuvre dans d’autres téléséries de l’univers se déroulant dans une galaxie lointaine, très lointaine, avec les Clone Wars, Rebels et autres Mandalorian, justement, ont pratiquement carte blanche pour piocher dans le vaste monde créé par George Lucas pour combiner des intrigues, sera-t-on étonné que Book of Boba Fett a plus des allures de fourre-tout que série bien ordonnée?
Non pas que ces sept épisodes soient dénudés d’intérêt. On y apprend entre autres comment Fett a survécu à la chute dans la gueule du Sarlaac, dans Le retour du Jedi, et comment il a appris à vivre avec les Tuskens, ces guerriers du désert brièvement aperçus dans Un nouvel espoir et dans la prélogie. Tout cela, bref, pour nous expliquer pourquoi Boba Fett est bien vivant, durant la deuxième saison de The Mandalorian, et pourquoi il s’est adjoint les services de Fennec Shand, un assassin pourtant laissée pour morte plus tôt dans The Mandalorian.
Vous arrivez à suivre? Bref, on passe beaucoup de temps à remonter dans le passé, dans The Book of Boba Fett, parfois avec de très longs moments où l’action piétine, et où on finit par en avoir marre de voir les longues étendues désertiques de Tatooine. Pour un monde sans intérêt n’ayant comme attrait que d’être le lieu où a grandi Luke Skywalker (et son père avant lui), on y passe décidément beaucoup de temps, que ce soit avec Boba ou le Mandalorien. Un peu ironique, quand Star Wars a souvent été l’univers aux planètes souvent spectaculaires…
Quoi qu’il en soit, Boba Fett souhaite laisser le métier de chasseur de primes derrière lui, et veut plutôt régner sur Tatooine, comme le faisait Jabba the Hutt… avant que celui-ci ne meure étouffé par Leïa, encore une fois dans Le retour du Jedi. Mais le travail de chef criminel est bien différent, et il faut savoir user de persuasion, de diplomatie, ou encore de coercition, lorsque nécessaire.
Tout cela est bien beau, mais non seulement ce type d’épisodes manque d’action, ou à tout le moins, de véritables enjeux, mais c’est bien souvent Robert Rodriguez qui se retrouve derrière la caméra. Et l’influence du réalisateur de la série Spy Kids se fait sentir, notamment sous la forme de personnages un peu ridicules, mais aussi avec un rythme inégal.
Par comparaison, les meilleurs épisodes de cette saison/minisérie n’impliquent généralement peu ou pas Boba Fett, et portent plutôt sur le Mandalorien. Étrange décision, ici, d’autant plus que la réalisation de ces épisodes est largement meilleure que celle de Rodriguez, dans l’ensemble. Peut-être était-on pressé d’en arriver à la troisième saison des aventures de Din Djarin, joué par Pedro Pascal. Ou peut-être a-t-on erré en choisissant une structure télévisuelle traditionnelle pour quelque chose qui est clairement destiné à combler le vide entre la deuxième et la troisième saison des aventures du Mandalorien?
Et maintenant?
Ultimement, tout n’est pas à jeter, dans ce Book of Boba Fett, bien au contraire. C’est davantage de Star Wars, un récit raconté de façon compétente, sans les exagérations et les répétitions ridicules des épisodes 7 à 9. C’est cependant, aussi, une série d’épisodes à la qualité vraiment inégale, où les meilleurs aspects ne concernent même pas sur le héros dont l’émission porte pourtant le nom.
Pour les connaisseurs, The Book of Boba Fett regorge d’excellentes références, de clins d’oeil et d’autres indices sur les choses à venir. Pour les néophytes, le chemin à parcourir semble se complexifier. D’autant plus qu’à partir du 25 mai, il y aura la série sur Obi-wan Kenobi, puis probablement la saison 3 de The Mandalorian… Sans oublier, bien sûr, la série sur Ahsoka Tano, l’ex-padawan d’Anakin Skywalker. Et peut-être même d’autres volets des aventures de Boba Fett? Si le navire Star Wars tient le cap, pour l’instant, on peut craindre que la « Marvellisation » de cet univers ne finisse par faire chavirer le tout dans un océan de héros et d’aventures entièrement interchangeables et ennuyantes.