En cette période de COVID-19, où les relations intimes ont été mises à mal et où les connexions humaines s’étiolent, les célibataires disent adieu aux aventures d’un soir et choisissent plutôt d’entamer des relations à long terme, en plus de se faire vacciner plus rapidement pour y parvenir.
« Cela fait 40 ans que je fais cela et je n’avais employé le terme historique, auparavant », mentionne Helen Fisher, principale conseillère scientifique du site de rencontre Match.com et membre du CEnter for Human Evolution Studies au département d’anthropologie de l’Université Rutgers-New Brunswick, aux États-Unis.
« Mais maintenant, je dis que nous voyons des transformations historiques chez les célibataires. Ils sont à la recherche de relations au long cours. »
Dans le cadre de ses fonctions chez Match.com, Mme Fisher effectue un coup de sonde annuel auprès de 5000 célibataires américains pour évaluer des tendances des comportements chez les jeunes adultes âgés de 18 à 21 ans.
Et si l’attraction sexuelle est toujours importante, Mme Fisher précise que les personnes interrogées en 2021, la maturité émotionnelle – bien plus que l’honnêteté et la capacité de communiquer – est le critère le plus important lorsque vient le temps de choisir un partenaire.
Cette population de célibataires en pandémie regarde au-delà des bavardages de circonstance et cherche à trouver quelqu’un avec qui réellement connecter à long terme, précise la chercheuse. Et près des trois quarts des hommes – 70 % – disent vouloir entamer une relation de couple dans la prochaine année, comparativement à 60 % des femmes. Pour Mme Fisher, cela n’est guère surprenant, puisque les hommes tombent amoureux plus rapidement.
En 2019, avant la pandémie, 58 % des personnes interrogées étaient à la recherche d’une relation à long terme, comparativement à 76 % en 2021.
« J’appelle cela de la croissance post-traumatique », indique encore Mme Fisher. « Cela est particulièrement vrai chez les étudiants universitaires, ainsi que les membres de la génération Z et les millénariaux, qui ont dû surmonter de très nombreux obstacles durant la pandémie. Ils grandissent, ils savent ce qu’ils veulent et ils ouvrent la voie. »
Par ailleurs, 60 % des célibataires interrogés ont indiqué que la santé mentale était importante, alors que 53 % ont jugé que la santé physique était une priorité, et que 56 % ont mentionné avoir gagné en confiance en soi.
Briser la glace à distance
Sans grande surprise, les rencontres par vidéo, particulièrement les premières rencontres, sont devenues plus courantes pendant la pandémie. Faire connaissance sur une plateforme comme Zoom est aussi survenu plus fréquemment au cours de la dernière décennie, 21 % des répondants indiquant avoir tenu une rencontre en ligne avant de rencontrer une personne, le tout avant la pandémie. Depuis 2020, ces interactions sont passées à 27 %, et plus de 50 % des membres des « Z » et des millénariaux ont ainsi effectué une telle rencontre vidéo avant la première date.
« Ce qu’ils disent, à propos de ces rencontres en vidéo, c’est qu’ils ont eu des conversations plus approfondies, avec plus d’honnêteté et d’informations sur soi qui ont été dévoilées », mentionne Mme Fisher. « L’argent et qui paie pour le rendez-vous et ce à quoi il faut s’attendre à propos des relations sexuelles… Tout cela ne compte plus. »
De fait, utiliser ce mode de communication pour établir une connexion romantique est plus qu’acceptable pour les jeunes célibataires, 78 % d’entre eux jugeant avoir ressenti une sorte de chimie amoureuse lors de conversations vidéo, et 34 % affirmant qu’ils pourraient tomber en amour de cette façon.
« Ces appels vidéo vont se poursuivre après la pandémie », indique encore Mme Fisher. « Ces premières rencontres sont bien plus tranquilles, et vers la fin d’une rencontre en vidéo, ils savent s’ils veulent que les choses aillent plus loin. »
Mais cela, c’est seulement si la personne à l’autre bout du fil (ou de la connexion) est vaccinée. Mme Fisher estime que les célibataires post-pandémie sont davantage vaccinés parce qu’ils sont sérieux et recherchent de la stabilité dans leur vie, en plus d’indiquer qu’ils font attention non seulement à eux-mêmes, mais aussi aux autres.
Interrogés à savoir s’ils entameraient une relation avec une personne non vaccinée, 54 % des participants à l’enquête ont répondu non. Une autre tranche de 52 % a mentionné qu’elle n’irait pas à un premier rendez-vous avec une personne non vaccinée. Et pour 58 % des gens, pas question de coucher avec un partenaire non protégé contre la COVID-19.