Qu’est-ce qu’un Britannique, au juste? Dans la foulée du Brexit, l’auteur Claude Lévesque s’est donné comme mission de tenter d’éclaircir un peu les choses, histoire de mieux comprendre les facteurs qui ont mené au grand divorce avec l’Union européenne, officiellement entré en vigueur en pleine pandémie, et, plus largement, de mieux faire connaître les habitants mal compris de ces îles situées au large du continent européen.
Le résultat de cette démarche, intitulé British Blues – Fractures, grandeurs et misères d’un royaume désuni et publié aux éditions Somme toute, détonne par son étrange structure. En effet, on pourrait penser que pour comprendre l’Angleterre, ou plutôt le Royaume-Uni, il faudrait quelques briques. D’abord, un recueil historique, puis sans doute un traité politique; quelques essais sociologiques, et enfin un vaste répertoire touristique.
Voilà que M. Lévesque tente de réussir l’expl0it de tout recenser en un seul ouvrage. Et avec seulement 163 pages, s’il vous plaît! Non pas qu’il soit nécessairement impossible d’atteindre cet objectif. Seulement, on passe souvent si rapidement du coq à l’âne, du traité politique au récit historique, en passant par les descriptifs touristiques ou urbanistiques, que l’on craint de s’y perdre. Ou, plutôt, on a à la fois l’étrange impression que l’auteur a simplement voulu choisir les « meilleurs morceaux » d’un essai qui aurait été trois, quatre, voire cinq ou encore six fois plus long, et qu’ayant voyagé il y a quelques années en terres britanniques, M. Lévesque en a profité pour réutiliser ses journaux personnels pour en tirer un livre.
Encore une fois, l’idée n’est pas mauvaise. On résume assez bien certaines situations, notamment la lente désintégration du Parti conservateur britannique, qui réussit malgré tout à conserver le pouvoir, ou encore l’embourgeoisement de Londres, où se loger ne tient plus de l’odyssée, mais plutôt de la fantaisie, tellement les prix sont élevés.
Tout cela est bon, bien sûr, mais l’ensemble manque de structure, voire de rythme. On aurait volontiers échangé la description d’un quai et de ses environs dans Canary Wharf, par exemple, pour quelques explications de plus sur les relations entre les habitants des grandes villes et ceux des villages. Ou, encore, on aurait souhaité entendre quelques mots supplémentaires sur la transformation de l’économie britannique. Quid des questions environnementales? Ces enjeux sont parfois mentionnés en passant, en quelques pages, tout au plus, alors que la simple question du logement, par exemple, aurait mérité plus d’explications, de l’avis de ce journaliste.
Quoi qu’il en soit, comme ouvrage « général », British Blues tient certainement la route. Mais l’oeuvre pourrait, tout au plus, fonctionner comme un guide d’introduction, plutôt que comme un cours magistral.