L’humain a toujours lutté pour sa survie. Bon, dans le cas de ce journaliste et de quelques centaines de millions d’autres personnes vivant dans des pays développés, cette survie ne tourne plus autour de la nécessité de faire du feu pour éloigner les prédateurs une fois la nuit venue, fort heureusement. Mais pour les nostalgiques de cette époque très, très lointaine, et pour les amateurs d’aventures et de sensations fortes, Paleo est là.
Conçu par Peter Rustemeyer et distribué par Z-Man Games, Paleo est un jeu coopératif de type « legacy », où certaines actions des parties précédentes peuvent « suivre » les joueurs alors que ceux-ci passent à un scénario subséquent. Cette transition n’est pas aussi prononcée que dans Risk Legacy, par exemple, ou dans Pandémie, mais les règles de Paleo permettent de créer un certain « cordon ombilical » scénaristique qui est fort apprécié.
À l’époque reculée des hommes de Cro-Magnon, de deux à quatre joueurs doivent faire équipe pour amasser non seulement les ressources nécessaires à leur survie, mais aussi créer des outils, voire pousser plus avant leur exploration d’un monde rempli d’opportunités, mais aussi de dangers et de mystères. Avec chacun son « équipe » d’hommes préhistoriques, généralement avec des caractéristiques, des habiletés et des points faibles spécifiques, les joueurs auront rapidement à prendre des décisions déchirantes: vaut-il mieux encaisser des blessures, voire risquer de manquer de nourriture d’ici la fin de la journée, par exemple, pour atteindre un objectif secondaire qui pourrait être plus payant, plus tard dans la partie? Doit-on s’en tenir uniquement à la récolte de ressources de base, sans penser à prévoir la suite? Que faire en cas d’imprévu?
Car oui, des imprévus, il y en aura. Chaque scénario proposé (et ils sont nombreux) est représenté par divers paquets de cartes à jouer qui viennent ajouter au hasard des situations. Chaque tour, réglé pratiquement comme du papier à musique, mène d’abord les joueurs à retourner l’une des trois cartes qui se trouvent sur le dessus de leur pioche respective, avec déjà là des risques potentiels. Ensuite, il sera toujours temps de mettre des ressources de côté, ou encore de construire des outils plus avancés.
Très ambitieux, et avec du matériel d’excellente qualité, notamment des pièces et des morceaux de décor visuellement épatants, Paleo est un peu la victime de ses propres visées grandioses. En effet, les règles, déjà complexes, avec multiples renvois à d’autres sections du règlement à divers endroits – ce qui est toujours un peu frustrant –, semblent hélas incomplètes. Peut-être est-ce la faute de ce journaliste et de sa partenaire de jeu, tous deux néophytes, qui se sont retrouvés pris au dépourvu devant des situations qui n’étaient que vaguement décrites dans le manuel, ou qui étaient carrément passées sous silence.
Ajoutez à cela un niveau de difficulté qui surprend, et vous obtenez une première expérience de jeu qui ne convainc pas tout à fait. Cela ne veut pas dire que Paleo n’est pas à mettre sur sa liste, ou à ajouter à sa bibliothèque. En fait, avec un concept franchement intéressant, avec des pions et d’autres pièces de grande qualité, et avec cette impression de liberté mêlée d’aventure et de danger, ce jeu de société a tout pour plaire. Peut-être faut-il simplement lui donner une deuxième chance.