Peu importe les blessures mortelles qui lui sont infligées, rien ne semble venir à bout de Michael Myers, un tueur terrorisant le petit écran depuis plus de quarante ans, et c’est encore le cas avec Halloween Kills, le douzième film de la franchise créée par John Carpenter et maintenant disponible en 4K, Blu-ray et DVD.
Halloween Kills est une suite directe au Halloween de 2018, et les événements qu’il dépeint prennent place dans le courant de la même fatidique nuit du 31 octobre. Tandis que Laurie Strode, poignardée à l’estomac à la fin du film précédent, se rend à l’hôpital en compagnie de sa fille Karen et de sa petite-fille Allyson, Michael Myers, emprisonné dans une maison en flammes, est destiné à mourir une fois pour toutes. Malheureusement, les pompiers dépêchés sur les lieux pour combattre l’incendie offrent une porte de sortie inespérée au tueur, et ce dernier s’échappe du piège mortel avant de continuer son carnage. Mis au courant du retour du croquemitaine ayant terrorisé leur ville il y a exactement quarante ans, les citoyens de Haddonfield décident de se faire justice eux-mêmes et organisent des battues afin de le retrouver, mais sauront-ils réussir là où la police a maintes fois échoué, ou ne font-ils que se mettre inutilement en danger?
John Carpenter n’a peut-être pas inventé le slasher (l’honneur revient au réalisateur Bob Clark avec Black Christmas paru en 1974), mais son Halloween, sorti quatre ans plus tard, a tout de même grandement contribué à populariser ce sous-genre de l’horreur, qui fleurit encore de nos jours. Mettant en vedette un tueur muet, implacable, et dont les gestes meurtriers sont dus à des problèmes mentaux, la franchise s’est toujours axée autour d’un certain réalisme, avec un monstre de nature plausible plutôt que paranormale, mais l’habileté de Michael Myers à tromper la mort à travers les ans, peu importe le type de blessures qu’il subit, relève certainement du surnaturel, et Halloween Kills explore à fond la dimension mythologique de ce croquemitaine au masque blanc, qui n’est plus ici un simple homme, mais bien l’incarnation même du mal.
Pour la première fois de l’histoire de la franchise, Halloween Kills prend en considération que Laurie Strode n’est pas la seule personne ayant échappé aux griffes de Michael Myers, et utilise plusieurs survivants du Halloween de 1978 dont Leigh Brackett, le shérif de l’époque devenu gardien de sécurité de l’hôpital, Lindsey Wallace, Lonnie Elam et Tommy Doyle, qui n’étaient que des enfants au moment du drame, ainsi que l’infirmière Marion Chambers. Le film se rattache ainsi à l’œuvre originale, montrant par exemple comment le jeune policier Frank Hawkins a failli à sa tâche quarante ans plus tôt. Explorant le traumatisme des habitants d’Haddonfield, ce nouveau volet s’attarde aussi à la stupidité de la foule, alors que les citoyens enragés iront jusqu’à s’en prendre à la mauvaise personne en tentant de neutraliser le tueur.
David Gordon Green, qui avait également réalisé le volet précédent, reproduit bien la texture et l’ambiance du Halloween de Carpenter. Il augmente substantiellement la violence, et privilégie les effets pratiques plutôt que par ordinateur, ce qui crée un niveau de gore particulièrement convaincant. Jamie Lee Curtis (Laurie Strode) et Will Patton (Frank Hawkins) reprennent leurs rôles (bien qu’ils passent la majorité du film dans un lit d’hôpital), tout comme Judy Greer (Karen) et Andi Matichak (Allyson). Livrant une performance très intense dans la peau de Tommy Doyle, Anthony Michael Hall joint la distribution cette fois-ci. Les fans de la franchise apprécieront que le réalisateur soit allé chercher des acteurs du film de 1978, dont Kyle Richards (Lindsey Wallace), Nancy Stephens (Marion Chambers) ou Charles Cyphers (Leigh Brackett). La production a même mis la main sur Tom Jones Jr., un acteur qui fait un sosie tout à fait convenable de Donald Pleasance, l’interprète original du docteur Loomis.
L’édition ultra-haute définition de Halloween Kills contient à la fois la version théâtrale et la version prolongée du long-métrage sur disques 4K et Blu-ray, et inclut un code pour télécharger une copie numérique. En plus d’une piste de commentaires livrée par David Gordon Green, Jamie Lee Curtis et Judy Greer, d’une finale alternative, de trois scènes retirées du montage et d’un montage des décrochages les plus drôles survenus sur le plateau, le matériel supplémentaire compte six revuettes abordant les intentions du réalisateur pour ce nouvel opus, le choix de s’attarder davantage aux traumatismes causés par la violence, les trois générations de femmes persécutées par Michael Myers, la reconstitution de certaines scènes du film de 1978, un portrait des membres de l’équipe de tournage, ainsi qu’un montage bout à bout de trente-et-un meurtres du film.
En rattachant son intrigue au film original de John Carpenter, Halloween Kills saura plaire aux amateurs de la franchise, malgré une finale en queue de poisson qui ne fait qu’ouvrir la porte au dernier volet de la trilogie de David Gordon Green, qui devrait s’appeler Halloween Ends et dont la sortie est prévue pour cet automne.
6.5/10
Halloween Kills
Réalisation : David Gordon Green
Scénario : David Gordon Green, Scott Teems et Danny McBride (d’après les personnages créés par John Carpenter et Debra Hill)
Avec : Jamie Lee Curtis, Judy Greer, Andi Matichak, Will Patton, James Jude Courtney, Nick Castle, Thomas Mann et Anthony Michael Hall
Durée : 109 minutes
Format : UHD (4K, Blu-ray et copie numérique)
Langue : Anglais, français et espagnol