La maladie se répand à travers la ville, infectant tous et chacun sur son passage; ce n’est pas la COVID, mais plutôt quelque chose créé de toute pièce par la maléfique Umbrella Corporation. Dans Resident Evil – Welcome to Raccoon City, la célèbre franchise de jeux vidéo de Capcom trouve un débouché à peine potable au grand écran.
Réalisé et scénarisé par le Britannique Johannes Roberts, qui semble se spécialiser dans les films d’horreur à petit ou moyen budget, le long-métrage présente une adaptation plus fidèle au premier (et possiblement deuxième) volet(s) de la série de jeux vidéo. Il y avait bien sûr eu tous les films mettant en vedette Mila Jovovich, à la qualité franchement plus que douteuse, entre 2002 et 2016, mais disons que ces oeuvres étaient les témoins d’une certaine époque, et du style très marqué du réalisateur Paul W. S. Anderson.
L’histoire de cette remise à zéro de la série est relativement simple: après une enfance trouble dans un orphelinat de Raccoon City, Claire Redfield revient dans cette ville désormais aux portes de la misère, après l’annonce du départ d’Umbrella, un gigantesque conglomérat pharmaceutique. Mais ce qui nous intéresse, ce ne sont pas les vitamines ou les crèmes pour la peau, mais plutôt les recherches secrètes menées sur ces orphelins, justement, dans le but de développer un virus permettant de prolonger la vie des individus.
On peut cependant s’en douter, les individus en question ne conservent alors que bien peu de leurs qualités humaines. Bref, c’est un film de zombies, et nos héros devront survivre suffisamment longtemps pour fuir la ville, qui sera détruite par Umbrella d’ici quelques heures pour cacher leurs sombres expérimentations.
Il n’y a rien de fondamentalement original du côté du scénario ou des personnages de cette relance de la série Resident Evil. Encore une fois, adapter un jeu vidéo au grand écran s’avère une tâche complexe, et le film s’avère incapable d’aller au-delà du concept voulant que le joueur complète, en explorant lui-même l’univers présenté, un monde qui peut alors se permettre d’être quelque peu dégarni. Au cinéma, la tâche est inverse: il faut bien souvent construire un monde beaucoup plus structuré, beaucoup plus complet, puisque les spectateurs sont cette fois passifs.
Le jeu des acteurs n’est pas non plus particulièrement mémorable. Oh, il y a bien des noms connus, comme Donal Logue, ou encore Neal McDonough, voire Tom Hopper, mais ceux-ci sont tous des personnages secondaires, et on passera beaucoup plus de temps avec des individus qui ne semblent servir qu’à aller d’un point A à un point B, en tirant sur des zombies au passage, qu’avec des gens dont les dialogues sont intéressants.
Cela ne veut pas dire que tout est à jeter, dans ce film. Le fait que le budget et l’ambition soient réduits fait en sorte qu’on peut davantage apprécier Resident Evil comme oeuvre de série B, plutôt que comme mégaproduction, comme c’était le cas en 2002. Certaines scènes, dont le combat entre Chris Redfield et plusieurs zombies, dans une pièce plongée dans le noir, représentent une utilisation franchement intéressante de la lumière et des espaces clos. On évite heureusement la séquence en première personne de Doom, mais on se croirait, pendant quelques instants, plongés dans Resident Evil, le jeu, avec atmosphère étouffante et menaces multiples. À saluer, aussi, les effets spéciaux entourant la transformation du méchant final, avec apparition d’yeux, poussée de croissance de griffes et autres excroissances…
Ultimement, Resident Evil – Welcome to Raccoon City est un film plus qu’ordinaire. Si la série de jeux n’avait pas déjà été adaptée et étirée jusqu’à plus soif, il est certain que cette nouvelle déclinaison aurait été mieux accueillie. Cela n’en fait cependant pas un bon film, loin de là. Mais la preuve, sans doute, qu’il est possible d’adapter des jeux au grand écran de façon relativement efficace.