Quelques jours après des tornades étalées sur des centaines de kilomètres dans une partie du centre-est des États-Unis, des vents atteignant les 160 km/h ont frappé mercredi une grande partie du pays située plus à ouest. C’est hautement inhabituel pour le mois de décembre, commentent prudemment les uns. C’est un effet des changements climatiques, affirment les autres.
Si les experts continuent d’hésiter à attribuer un événement météorologique extrême au réchauffement de la planète, la succession de ces événements inquiète, d’autant plus qu’ils laissent derrière eux des dégâts et des morts — au moins 90 décès dans les tornades qui ont frappé dans la soirée du 10 décembre. Il pourrait s’agir de la série de tornades la plus dévastatrice en près d’un siècle aux États-Unis.
Au Kentucky ce soir-là, une des quatre tornades a parcouru, au sol, 120 km, alors qu’en temps normal, elles en parcourent en moyenne moins de 10.
Les météorologues notaient ces derniers jours que les tornades semblent se produire plus souvent qu’avant par « grappes » — dans les États du Nebraska et de l’Iowa, on en a compté 13 dans la journée de mercredi. Une étude avait établi en 2018 que ce qu’on appelle « l’avenue des tornades », qui traverse plusieurs États du centre du pays, semble plus souvent se diriger vers l’Est. Quant à la saison de ces tornades, elle a lieu au printemps, très rarement en décembre, mais des indices pointent vers une augmentation des tornades hivernales. Ces facteurs et d’autres sont probablement interreliés, mais il reste impossible d’en tirer des prédictions fiables. D’autant plus que les tornades sont des événements de taille relativement petite, ce qui les rend par définition imprévisibles. Et moins de 10% des tempêtes orageuses produisent des tornades, estimait cette semaine un expert en tornades.
On connaît tout au plus la cause de ces événements cette fois-ci, et elle ramène au réchauffement: la « collision » entre, d’un côté, un corridor, au centre du continent et au nord, de températures anormalement chaudes pour décembre, et de l’autre côté, des températures plus froides. Un peu partout dans la région concernée, des records de chaleur pour un mois de décembre avaient été dépassés dans la journée du 10 décembre, alimentant les tornades. Et certains des vents du 15 décembre ont atteint des records pour leurs régions respectives, entraînant dans leur sillage de telles quantité de poussières qu’elles pouvaient être observées par les satellites.
La difficulté à les prévoir rend difficile de s’y préparer dans les régions concernées: on peut tout au plus raffiner les systèmes de surveillance qui permettent d’envoyer une alerte quelques minutes ou une heure plus tôt, mais sans pouvoir cibler des régions qui, à plus long terme, seront plus à risque que d’autres. On peut tout au plus garantir qu’à long terme, il y aura plus de dévastations du type de ces derniers jours. Déjà, les tornades et autres tempêtes causent chaque année, rien qu’aux États-Unis, des factures se mesurant en milliards de dollars.