Quelque 20 années de lutte en faveur de l’instauration d’une couverture sanitaire universelle pourraient disparaître des suites de la pandémie de COVID-19, mettent en garde l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Banque mondiale.
De plus, indiquent les deux organisations internationales, plus d’un demi-milliard de personnes ont été plongées dans l’extrême pauvreté, soit le fait de devoir vivre avec moins de 1,90 $ par jour. Cette situation est imputable, précise-t-on, au fait que la COVID-19 a entraîné un important chambardement dans l’offre de soins de santé, forçant ainsi des centaines de millions de personnes à payer davantage pour obtenir de l’aide médicale.
Conséquences de cette profonde transformation, la couverture vaccinale a chuté pour la première fois en une décennie, alors que les décès à la tuberculose et au paludisme ont augmenté.
Cette situation n’est pas sans précédent: de fait, « même avant la pandémie, un demi-milliard de personnes sombraient (ou sombraient encore plus profondément) dans l’extrême pauvreté en raison des paiements qu’elles effectuaient pour les soins de santé », soutiennent les deux institutions, qui s’attendent maintenant à ce que ce nombre ait largement augmenté.
« Il n’y a pas de temps à perdre », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS. « Tous les gouvernements doivent immédiatement reprendre et accélérer leurs efforts pour garantir que chacun de leurs citoyens puisse accéder aux services de santé sans craindre les conséquences financières. Cela signifie renforcer les dépenses publiques de santé et de soutien social, et se concentrer davantage sur les systèmes de soins de santé primaires qui peuvent fournir des soins essentiels à proximité du domicile. »
« Cette fois, nous devons construire des systèmes de santé suffisamment solides pour résister aux chocs, tels que la prochaine pandémie et maintenir le cap vers la couverture sanitaire universelle », a-t-il ajouté, dans des propos rapportés par les Nations unies.
De son côté, Juan Pablo Uribe, directeur mondial de la santé, de la nutrition et de la population à la Banque mondiale, précise qu’avant l’éclatement de la crise sanitaire, « près d’un milliard de personnes consacraient plus de 10 % du budget de leur ménage à la santé », une situation qu’il juge inacceptable.
« Dans un espace budgétaire restreint, les gouvernements devront faire des choix difficiles pour protéger et augmenter les budgets de la santé », avance-t-il.
En 2019, avant l’arrivée du nouveau coronavirus, environ deux habitants de la planète sur trois (68 %) bénéficiaient d’une forme ou d’une autre de couverture médicale pour les soins de santé essentiels, comme les soins pré et postnatals, ou encore la vaccination, le traitement du VIH, et des services de diagnostic et de traitement de maladies non transmissibles comme le cancer, ou encore les maladies cardiaques et le diabète.
Cela n’empêchait cependant pas les populations les plus pauvres d’éprouver de grandes difficultés pour accéder à ces soins, même si ceux-ci étaient offerts à des prix relativement abordables pour d’autres groupes de citoyens. De fait, la quasi-totalité des ménages dépensant une très large part de leurs revenus pour se faire soigner se trouvaient déjà dans une situation économique très difficile.
Pour améliorer l’accès aux soins, jugent les deux institutions, il est non seulement essentiel de mettre sur pied des politiques gouvernementales de financement de la santé, mais aussi de tracer un portrait le plus précis possible de la situation socioéconomique des citoyens, histoire de pouvoir ensuite adapter les politiques publiques en conséquence.