À ajouter à la liste des impacts négatifs de la désinformation: aux États-Unis, les comtés qui ont voté pour Trump ont un taux de mortalité dû à la COVID qui est en moyenne trois fois plus élevé que ceux qui ont voté pour Biden.
L’analyse ne permet pas de savoir qui a voté pour qui parmi les gens décédés. Mais elle permet de placer sur une courbe les 3000 comtés en fonction de leur degré d’adhésion à l’un ou l’autre des candidats à l’élection présidentielle de 2020. Et plus l’adhésion à Trump est élevée, plus le taux de mortalité augmente. Au point où, dans les 10 comtés sur 3000 qui ont voté le plus fort pour Trump, le taux de décès causé par la COVID était, en octobre 2021, jusqu’à six fois plus élevé. Ce nombre aurait diminué à « seulement » cinq fois et demi plus élevé ces dernières semaines.
L’analyse faite par le réseau d’information NPR du nombre de décès par 100 000 habitants, comté par comté, a choisi mai 2021 comme point de départ, soit le moment où la vaccination pour tous les adultes est devenue largement accessible.
Dans tous les pays du monde, on sait que le taux de vaccination peut varier d’un quartier à l’autre ou d’une région à l’autre. Il s’agit plus souvent de facteurs liés au revenu, à la scolarisation ou à la culture d’origine. Mais on ne connaît pas d’autres exemples dans le monde où une étude a pu associer aussi étroitement le taux de mortalité à un parti politique. Un sondage récent de la Fondation Kaiser, en novembre, a confirmé que les républicains représentaient le plus grand groupe de « non-vaccinés ».
Sans surprise, l’analyse de NPR révèle une autre corrélation: plus le pourcentage du vote pour Trump en 2020 était élevé, et plus le taux de vaccination aujourd’hui est bas.
Il n’en a pas toujours été ainsi. Au début de la pandémie, les groupes les plus hésitants face à une éventuelle vaccination étaient plutôt du côté des Afro-Américains, des jeunes et des communautés rurales. Mais lorsque la vaccination est devenue réalité, les pourcentages ont plus rapidement augmenté dans ces groupes. Selon un autre sondage de la Fondation Kaiser, publié le 2 décembre — la Fondation effectue un suivi mensuel de la campagne de vaccination — la proportion de ceux qui ont reçu les deux doses plafonne à 59 % chez ceux qui s’affichent républicains, tandis qu’elle atteint les 91% chez ceux qui s’affichent démocrates.
Et la désinformation est un facteur-clef, résume NPR: 94 % des républicains croyaient à une des fausses affirmations sur la COVID qui leur était présentée par Kaiser, et 46 % croyaient à au moins quatre fausses affirmations, contre 14% des démocrates. Or, la croyance en de multiples fausses affirmations est en lien avec le taux de vaccination, explique la vice-présidente de Kaiser, Liz Hamel: « si vous croyez que les vaccins peuvent rendre stériles, qu’ils contiennent une micropuce et que le gouvernement grossit artificiellement le nombre de morts, vous allez y penser à deux fois avant de vous faire vacciner. » Cela s’accompagne d’un plus faible niveau d’inquiétude face aux risques de la maladie, et d’une plus grande complaisance face aux risques de l’attraper.