Seule sur scène ou presque, Angélique Willkie se met à nu pour nous livrer la confession de son existence, un récit biographique où elle étale tout, dans une sincérité totale, mais avec une grande économie de mots; des gestes plutôt, une danse musicale et chantée où c’est le corps et sa rage qui s’expriment, ou sa douceur et sa résignation.
Comme il se doit en art contemporain, le texte de cette oeuvre présentée à La Chapelle n’est pas l’essentiel dans ce spectacle qui associe musique, performance et chorégraphie qu’exécute magnifiquement la danseuse Angélique Willkie, une artiste dont l’âge et les cicatrices symboliques participent du récit. De l’enfance à la vieillesse, une vie est ponctuée de beautés, de douleurs, de joies, de traumas c’est-à-dire d’événements subis et qui n’ont pas trouvé les mots adéquats pour se dire. C’est alors le corps qui s’exprime.
Avec l’artiste perchée sur des tables et face à une batterie, le spectacle débute par une sorte de cri primal où Mme Willkie manifeste sa colère, sa violence progressivement contenue. Elle est ensuite dépouillée de son instrument et elle transforme son micro en un rhombe qu’elle fait tournoyer au-dessus de sa tête en débutant son récit.
Once upon a time… Il était une fois une petite fille… C’est le début d’une histoire à la fois ordinaire et extraordinaire comme le sont toutes les histoires individuelles.
Le rhombe, en produisant son vrombissement modulé, met le spectateur dans la réalité de sa propre existence qui s’écoule, elle aussi ponctuée d’événements plus ou moins difficiles, surmontés ou pas, et qui sont suivis d’autres et d’autres encore.
Et ainsi le temps s’écoule jusqu’à la vieillesse. Le spectacle, très soigné du point de vue technique (éclairage et son), chorégraphié et mis en scène par Mélanie Demers, suggère plus qu’il ne révèle ou n’explique. Le spectateur est animé d’un paquet d’émotions face à ces tableaux et sculptures vivantes d’une beauté singulière. Il lui est donné à penser sur sa propre vie, sur son sens, ses hésitations, ses doutes et son écoulement inexorable.
Confession publique, du 29 novembre au 4 décembre 2021, à La Chapelle
Idéation, mise en scène et chorégraphie Mélanie Demers
Interprétation et dramaturgie Angélique Willkie
Avec la participation de Anne-Marie Jourdenais