On n’a jamais tué autant au Canada, depuis 30 ans, que l’année dernière, au plus fort de la pandémie de COVID-19. Selon des données de Statistique Canada, la police a recensé quelque 743 homicides d’un océan à l’autre, en 2020, une augmentation de 56 assassinats par rapport à l’année précédente, ce qui correspond à une hausse de 7 %.
Dans sa note d’information, l’agence fédérale rappelle que « la pandémie de COVID-19 a de profondes répercussions sur la société canadienne depuis mars 2020. Elle a entraîné des changements sociétaux et économiques majeurs qui ont eu une incidence sur les tendances de la criminalité partout au Canada ».
De fait l’indice de gravité de la criminalité, qui évalue la gravité des actes rapportés par les services de police, a reculé de 8 %, mais les taux d’homicides, eux, ont bondi.
Malgré tout, les homicides demeurent rares au pays, assure Statistique Canada, en évoquant le fait que ces crimes ne représentent que 0,2 % de tous les actes criminels recensés par les autorités. Cela étant dit, « les taux d’homicides sont considérés comme un point de repère pour évaluer les niveaux de violence tant au Canada qu’à l’échelle internationale ».
Le Canada n’échappe d’ailleurs pas à la longue liste des pays où des observateurs et des spécialistes ont présenté des mises en garde contre l’impact du travail à domicile et des confinements; la pandémie « a exacerbé les facteurs de risque de violence familiale (isolement social, baisse du revenu, perte d’emploi), ce qui a pu accentuer les tensions à la maison et entraîner une escalade de la violence », mentionne encore l’agence fédérale.
C’est entre autres du côté de l’Alberta et de la Nouvelle-Écosse que les statistiques portant sur les homicides font gonfler le bilan national. La province des Prairies a enregistré 39 meurtres supplémentaires en 2020, alors qu’en Nouvelle-Écosse, l’augmentation atteint 29 assassinats, dont 22 uniquement lors de la tuerie de masse d’avril de l’an dernier, qui a aussi fait 3 blessés.
Hausse des meurtres par balle
L’augmentation du nombre d’homicides touche également les meurtres commis à l’aide d’armes à feu, qui sont en hausse pour la deuxième année consécutive.
« En 2020, la police a déclaré 277 homicides commis à l’aide d’une arme à feu au Canada, soit 15 de plus qu’en 2019. Il s’agit d’une hausse de 6 % du taux national d’homicides commis à l’aide d’une arme à feu et de la deuxième augmentation annuelle consécutive pour cette catégorie d’homicides au pays », lit-on encore dans la note d’information.
Statistique Canada précise également « qu’en 2020, 49 % des homicides commis à l’aide d’une arme à feu ont été perpétrés avec une arme de poing ». Ces armes de poing font d’ailleurs l’objet d’échanges parfois acerbes entre Ottawa, les provinces et les municipalités, quant à la capacité de les interdire pour enrayer le fléau de la violence armée.
Source de consolation, cependant: les homicides attribuables aux gangs criminels sont en baisse, précise l’agence fédérale, avec 148 meurtres recensés l’an dernier, soit 14 victimes, ou 9 %, de moins qu’en 2019.
De fait, environ le tiers (201) des victimes de meurtre étaient des Autochtones. Cela a contribué au fait que l’an dernier, le taux d’homicide était sept fois plus élevé chez cette population que chez les non-Autochtones.