Plus tôt cette semaine, le meilleur vendeur sur Amazon-USA dans la catégorie des « films documentaires » était un livre faisant l’éloge d’un film de désinformation sur la pandémie. Le même jour, au moins deux autres catégories d’Amazon avaient aussi comme « bestseller no 1 » des livres de désinformation sur la pandémie.
L’un d’eux portait comme sous-titre Bill Gates, Big Pharma and the Global War on Democracy and Public Health et était signé Robert F. Kennedy, un des chefs de file des mouvements antivaccins aux États-Unis. On lui doit entre autres, depuis deux décennies, la promotion de l’idée fausse que les vaccins causent l’autisme.
Mardi, ce livre avait « l’honneur » d’être en première place dans la catégorie « politique de la santé » (health policy). Et à ses côtés, parmi les livres que l’algorithme d’Amazon recommandait aux acheteurs, on retrouvait « La vérité sur les masques », signé Judy Mikovits. Il s’agit de cette biologiste qui, l’an dernier, était la vedette du faux documentaire Plandemic — le film que vante l’autre bestseller. Elle n’a publié aucune étude depuis 2012, mais s’est fait connaître dans la dernière décennie comme une militante antivaccin, et est ensuite devenue, pendant la pandémie, une intervenante régulière des sites adeptes de complots et d’extrême droite. Son livre, qui nie autant l’utilité des masques que la dangerosité du coronavirus, occupait mardi la première place dans la catégorie « maladies respiratoires ». Un autre livre co-signé par elle et édité par l’organisme que dirige Robert Kennedy, occupait pour sa part la première place dans la catégorie « syndrome de fatigue chronique ».
Ce n’est pas la première fois qu’Amazon est pointé du doigt. En juin dernier par exemple, un reportage du magazine Fast Company notait la prédominance d’auteurs douteux dès qu’on faisait une recherche de livres sur la pandémie, le virus ou les vaccins. « Amazon est un des plus grands promoteurs de désinformation antivaccins, et le plus grand vendeur de livres complotistes sur la COVID-19 », s’inquiétait alors le pédiatre américain Peter Hotez.
En septembre, des élus démocrates à Washington s’en étaient également inquiétés. En 2019, un reportage du magazine Wired avait démontré à quel point l’algorithme d’Amazon « trompait ses clients sur l’information en santé ». Même des chercheurs se sont intéressés à la question avec une « étude de cas des livres sur les vaccins chez Amazon ».
Le fait que ces auteurs aient souvent des liens entre eux — Kennedy publie le livre de Mikovits, qui apparaît dans Plandemic, qui est promu par un livre tiers — n’est pas étranger au fait que ces groupes ont appris à utiliser les algorithmes à leur avantage, en se recommandant entre eux et en multipliant les hyperliens mutuels.