Les chats donnent l’impression de toujours retomber sur leurs pattes. Comment cela s’explique-t-il et en est-il de même, quelle que soit la hauteur? Le Détecteur de rumeurs fait le point.
Se retourner sur lui-même
Le chat doit sa capacité à retomber sur ses pattes au réflexe de redressement, une capacité innée qui permet à tous les chats (ainsi qu’à beaucoup d’autres mammifères comme les lapins et les rongeurs) de s’orienter pour atterrir sur leurs pattes. Lorsqu’un chat tombe ou saute d’un endroit élevé, il utilise ses yeux et son appareil vestibulaire (un système d’équilibre situé dans l’oreille interne) pour distinguer le haut du bas. Il fait alors pivoter sa tête pour faire face au sol pendant que ses moustaches —et ses yeux— lui indiquent la distance qui l’en sépare.
En observant le mouvement au ralenti, on peut voir que le chat plie son corps de façon à ce que la moitié avant tourne autour d’un axe différent de la moitié arrière. Il replie ses pattes avant et tend ses pattes arrière. Ceci lui permet de tourner l’avant de son corps d’environ 90 %, et l’arrière de 10 %. Ensuite, les pattes avant se tendent, les pattes arrière se replient. Selon la souplesse du chat et son élan, ces mouvements peuvent être répétés plus d’une fois pour effectuer une rotation de 180 degrés.
Si tout s’est bien passé, les pattes devraient arriver au sol en premier pour limiter l’impact et agir comme un ressort. Toutefois, le chat a besoin d’un certain temps pour enclencher ces mouvements, ce qui fait que si la chute est trop courte, il pourrait ne pas avoir le temps de se retourner.
Le chaton développe cette faculté dite de « basculement latéral » dès qu’il atteint trois ou quatre semaines et il la maîtrise à partir de sept semaines.
Une question d’anatomie
Le chat doit ce réflexe de redressement à son anatomie. Il a des clavicules flottantes, ce qui l’aide à corriger sa position en cas de chute, et une colonne vertébrale très flexible —comme ont pu le constater tous ceux dont le chat s’est glissé dans des endroits improbables. Avec ses 30 vertèbres, elle permet une plus grande amplitude de mouvement que celle des humains, qui n’en compte que 24.
Les chats peuvent aussi compter sur leur faible poids, leur structure osseuse légère et leur épaisse fourrure pour ralentir leur chute, adoucissant ainsi l’impact. Certains chats vont même « aplatir » leur corps, à la manière d’un parachute, pour créer plus de résistance à l’air. La vitesse d’un chat moyen peut atteindre 97 km/h (valeur qui tient compte de la gravité, de la résistance au vent et du poids) au moment de l’impact, comparativement à 193 km/h pour un humain adulte moyen. Cette vitesse est obtenue lors d’une chute de 5 étages et plus.
Une question de hauteur
Ce réflexe de redressement a toutefois ses limites: il permettrait aux chats de survivre à 90 % des chutes d’immeuble et encore, ils n’en sortent pas toujours indemnes. Des études menées sur des chats tombés d’un gratte-ciel ont montré que le taux de blessures augmente en proportion directe de la hauteur de la chute… jusqu’au septième étage.
Sans surprise, les blessures des félins tombés du deuxième étage étaient moins importantes que celles des chats tombés du sixième, mais le taux de survie et la gravité des blessures des chats tombés de plus haut étaient les mêmes, qu’ils aient chuté du septième ou du 32e étage, selon une étude parue en 1987. Un chat tombé du 32e étage s’en est même tiré avec seulement une dent cassée et une perforation mineure au poumon. Comme le résumait un article publié en 2019, 45 % des chats ayant fait l’objet d’un bilan ostéo-articulaire ne présentaient aucune lésion, même après une chute de quatre étages.
Paradoxalement, un chat qui tombe du premier étage d’un immeuble (environ 2,5 mètres) a moins de chances de s’en tirer sans lésions, qu’un chat tombant d’un étage supérieur. C’est que la distance, lors d’une chute d’un ou deux étages, est insuffisante pour permettre au chat de se redresser: il risque donc de se blesser à la colonne vertébrale, au bassin et à la face. Cela explique aussi pourquoi un chat qui tombe d’une commode n’atterrit pas toujours sur ses pattes.
Tout cela dépend de la façon dont le chat réceptionne sa chute. Ceux qui tombent du deuxième au septième étage atterrissent presque toujours sur leurs pattes. Lorsqu’ils tombent de plus haut, au lieu de tendre leurs pattes vers le bas, ils les déploient comme un parachutiste et tombent sur le ventre. Si cette méthode d’atterrissage leur sauve la vie, elle les empêche d’amortir la chute correctement, ce qui explique la concentration des blessures au niveau du thorax, des poumons et du museau, notée dans les études.
Les chats peuvent donc se blesser, même lorsqu’ils atterrissent sur leurs pattes, notamment si la hauteur de la chute est trop faible pour qu’ils puissent se retourner ou s’ils heurtent des obstacles pendant leur chute. Les chats âgés ou en surpoids peuvent aussi avoir plus de difficultés à redresser leur corps en cas de chute.
Verdict
Grâce à leur réflexe de redressement, les chats sont effectivement capables de retomber sur leurs pattes après la plupart des chutes. Mais des facteurs comme leur poids et leur âge, ou la hauteur de la chute, peuvent affecter la capacité à atterrir sur les pattes.