À cheval entre l’adolescence et l’âge adulte, Selma, également à cheval entre son identité algérienne et son identité française, sera plongée dans une série de drames qui en viendront à définir les valeurs de sa vie adulte. Le tout s’étale en grand écran dans Cigare au miel, un long-métrage réalisé par Kamir Aïnouz.
Présentée dans le cadre du festival Cinémania, l’oeuvre est foncièrement charnelle, voire érotisante. D’abord, parce que l’actrice principale, Zoé Adjani (la nièce d’Isabelle Adjani), est une femme magnifique qui réussit à se mettre en valeur dans un contexte de film d’éveil à la sexualité, mais aussi parce que, justement, cette période trouble de découverte de soi et de son corps, à la fin de l’adolescence et au début de ce moment où l’on n’est plus fille, mais femme, est l’occasion de passer en revue, en quelque sorte, ces moments importants dans une vie sexuelle.
Ainsi, Selma, qui attire aisément les regards, tentera de naviguer dans un contexte social et personnel tendu. Ses parents, largement conservateurs et influencés par ce qui se passe « là-bas », dans une Algérie bientôt aux prises avec une sanglante guerre civile et la montée de l’islamisme, chercheront tant bien que mal à guider leur fille unique à travers ce dédale de transformations, tout en se montrant particulièrement protecteurs.
Autre problème, la jeune femme vit une sorte de relation d’amour-haine avec certains de ses camarades de classe, envers qui elle éprouve du désir, mais qui, eux, la font valser entre insultes racistes ou misogynes, et attirance réciproque.
Confrontée à des gens qui lui tournent autour tout en agissant, eh bien, encore comme des adolescents avec des valeurs du début des années 1990 – la période où se déroule le film –, Selma ne sait plus à quel saint se vouer. Elle se retrouvera d’ailleurs dans une situation particulièrement horrible, dont elle ne sortira pas indemne, physiquement comme mentalement.
Bien sûr, on pourrait reprocher un certain manque de profondeur à ce Cigare au miel… Mais les histoires de grandes révélations philosophiques à 17 et 18 ans sont-elles vraiment réalistes? Subit-on vraiment une transformation profonde de notre être en quittant officiellement le monde des « enfants » pour celui des « adultes »? Ou n’est-on pas plutôt emporté dans un tourbillon d’émotions, d’hormones et de sensations à découvrir? N’a-t-on pas envie de tout expérimenter, partout, en même temps?
En ce sens, l’oeuvre est fidèle à la réalité qu’elle souhaite représenter: celle d’une jeune femme qui découvre la vie, avec un petit côté « tout est permis » typique de ce moment charnière de l’existence.