Le premier album du groupe électro – oserait-on parler de darksynth? – Hollywood Burns, en 2018, avait étonné. Intitulé Invaders, le disque mêlait mélodies des années glorieuses de la cité du cinéma et sonorités lourdes en percussions et synthétiseurs. Le nouvel opus, intitulé The Age of the Saucers, force la dose: vous n’échapperez pas aux envahisseurs, et les résultats seront funestes.
Le tout débute comme un film d’aventure d’une autre époque: des cordes, des cymbales, des percussions… ne manque que la harpe, ou encore la fanfare de la 20th Century Fox, pour se croire devant le grand écran, en attendant le générique de début. « Filmé en Technicolor », s’attend-on presque à lire (ou plutôt à entendre). Mais le titre de la première pièce donne le ton: Once Upon a Time (In Hell). Car il est trop tard: les extraterrestres ont débarqué en 2018. Maintenant, en 2021, il faut accepter ces nouveaux maîtres, ou mourir.
Pas le temps de reprendre son souffle, d’ailleurs, que déferlent les rythmes puissants et fracassants de The Age of the Saucers, la pièce éponyme. D’ailleurs, est-ce que l’artiste derrière la musique, le Français Emeric Levardon, est lié à Carpenter Brut, lui aussi créateur de darksynth originaire de l’Hexagone? Les tendances musicales semblent quelque peu similaires, si ce n’est que si le premier s’intéresse effectivement aux mélanges d’instruments d’orchestres classiques et de synthés, le second s’est plutôt tourné vers le rock, du moins dans son plus récent album, Leather Teeth, paru en 2018.
Sonorités semblables à celles de Carpenter Brut ou non, Hollywood Burns ne donne ici pas dans la dentelle. Depuis 2018, le rythme est plus soutenu, les sonorités sont plus affirmées, on tend davantage vers l’évocation de la colère, de la rage. S’agit-il d’une révolte des humains contre ces visiteurs d’un autre monde? Ou plutôt de ces extraterrestres, justement, qui font tomber les masques, après avoir berné l’humanité et infiltré tous les lieux de pouvoir sur notre planète?
Après Abomination from Planet X, un autre titre de pièce qui donne le ton, voilà que l’album nous propose littéralement A Moment of Bliss, avant de tenter de nous assommer avec ce qui est sans contredit la meilleure chanson de l’album, Saturday Night Screamer. Tout comme Vulta avec son deuxième disque, Swarm, il n’y a ici aucun moment de répit, aucune chance de s’échapper: la tête nous hoche en cadence, et l’on déplore de ne pas avoir les cheveux suffisamment longs pour les faire aller de l’avant vers l’arrière, et inversement, au rythme de ces envolées démentielles. Y a-t-il seulement encore quelque chose d’humain dans cette musique? « We are your friends », chante-t-on en guise de refrain. Quelqu’un est-il vraiment persuadé de cela, surtout au son de ce qui semble être des fusils laser?
Audacieux, différent, original, l’album The Age of the Saucers est une expérimentation musicale qui impressionne par sa qualité et par sa capacité à sortir des sentiers battus. Un album à se mettre sous la dent sans hésiter.