Disponible cette semaine en 4K, Blu-ray et DVD, Reminiscence de Lisa Joy mélange film noir, science-fiction et romance pour dépeindre un futur peu reluisant, où une machine permet de revivre ses souvenirs d’un temps meilleur, mais malheureusement révolu.
En 2050, suite aux conséquences du réchauffement climatique, une partie du sud des États-Unis, dont la ville de Miami et la Nouvelle-Orléans, est désormais engloutie, et protégée de l’eau montante par des barrages menaçant de céder à tout moment. Si le futur semble plutôt glauque et que les Américains s’ennuient du bon vieux temps, il s’agit d’une occasion d’affaires en or pour Nick Bannister et sa partenaire Emily « Watts » Sanders, puisque les deux opèrent une machine permettant de revivre ses souvenirs, qu’ils louent à des clients cherchant à renouer avec des êtres disparus, ou replonger dans des moments plus heureux de leur vie.
Un jour, Nick a le coup de foudre pour une cliente faisant appel à ses services sous le prétexte d’avoir perdu ses clés. Après quelques mois d’un parfait bonheur, la femme, qui s’appelle Mae, disparaît subitement sans laisser de traces. Passant la majorité de son temps libre enfermé dans sa machine à ressasser chaque moment de son idylle, Nick fouille les recoins de sa mémoire à la recherche d’un quelconque indice qui lui permettrait de retrouver l’amour de sa vie. Sa quête lui fera découvrir que sa compagne n’est pas celle qu’il croyait, et qu’il a été manipulé par cette dernière. Saura-t-il faire une croix sur son passé, ou en restera-t-il à jamais prisonnier?
Reminiscence combine plusieurs styles cinématographiques différents afin de créer une œuvre originale. Le long-métrage emprunte tout d’abord aux clichés du film noir des années 1940, non seulement par son esthétique, mais également par le monologue interne du personnage principal faisant office de narration, et par l’enquête sur la « cliente » de Nick qui, derrière une façade de chanteuse de jazz pulpeuse, cache un lourd passé. Fortement axé sur leur histoire d’amour, l’intrigue contient également une large part de romance un peu fleur bleue. C’est principalement par sa touche de science-fiction, et sa machine replongeant les usagers dans leurs souvenirs, que l’histoire se démarque.
Quand ils se commémorent leur passé, les gens ne se voient pas à l’extérieur d’eux-mêmes, mais plutôt dans une vue subjective, et pour cette raison, la façon dont les souvenirs sont présentés comme un film par la machine de Reminiscence m’a un peu agacé, mais lorsqu’on parvient à faire abstraction de ce détail, on apprécie davantage cette allégorie sur la nostalgie qui, à trop forte dose, empêche de profiter pleinement du temps présent. Même s’il ne s’agit que d’une simple toile de fond, ce monde affecté par le réchauffement climatique, avec ses villes partiellement inondées et sa population forcée de vivre de nuit parce qu’il fait trop chaud le jour, est sans doute l’élément le plus intéressant.
Mettant en vedette des acteurs de la trempe d’Hugh Jackman (X-Men, Les Misérables), Thandiwe Newton (Westworld), Rebecca Ferguson (Doctor Sleep) ou Cliff Curtis (Fear the Walking Dead), le niveau de jeu est impeccable, ce qui est indispensable pour un film axé sur une galerie de personnages brisés, et la condition humaine en général. Tout en présentant un avenir peu enviable, Reminiscence ne tombe pas dans le piège des œuvres prenant place dans un futur dystopique, et sa cinématographie est étonnamment colorée. Sa Miami de 2050 possède même un étrange charme, et le long-métrage présente un point de vue inédit sur la ville, alors que les fondements sont submergés, ce qui met en valeur les étages supérieurs des édifices.
La version haute définition de Reminiscence contient le long-métrage sur un disque Blu-ray, et inclut un code donnant accès à une version numérique. L’édition s’accompagne de plus de trente minutes de matériel supplémentaire, dont quatre revuettes où les acteurs principaux discutent de la création de ce monde futuriste, de l’intrigue, de leurs personnages, de la machine permettant de revivre ses souvenirs qui utilise les cerveaux comme des disques durs, ou de leur expérience de travail avec l’auteure et réalisatrice Lisa Joy. On trouve également le vidéoclip de « Save My Love », la chanson thème du film.
Même si son univers est largement plus intéressant que l’intrigue qui y prend place, Reminiscence sort tout de même des sentiers battus, en présentant une allégorie sur le pouvoir addictif des souvenirs, et le danger d’être consumé par le passé.
6.5/10
Reminiscence
Réalisation et scénario : Lisa Joy
Avec: Hugh Jackman, Rebecca Ferguson, Thandiwe Newton, Cliff Curtis, Marina de Tavira, Daniel Wu et Brett Cullen
Durée: 116 minutes
Format : Blu-ray (+ copie numérique)
Langue : Anglais, français et espagnol