Glasgow n’est pas seulement la ville où se joue l’avenir de notre civilisation. C’est aussi la ville où s’est joué l’avenir de la révolution industrielle, celle qui a permis de brûler à grande échelle autant de combustibles fossiles.
L’ironie n’a pas échappé à certains: Glasgow, « là où l’anéantissement du climat a commencé », a écrit cette semaine le militant environnemental américain Bill McKibben. Même le premier ministre britannique Boris Johnson a utilisé l’analogie dans son discours d’ouverture: « C’est il y a 250 ans, à Glasgow, que James Watt est arrivé avec l’idée d’une machine alimentée par la vapeur, produite en brûlant du charbon ».
Il serait plus juste de dire que l’Écossais James Watt (1736-1819) a perfectionné la machine à vapeur inventée par un nommé Thomas Newcomen vers 1710. Mais ce sont effectivement ses perfectionnements qui ont rendu possible la révolution industrielle: une chambre de condensation (brevetée en 1769) séparée de la machine, qui rend celle-ci plus rapide, plus sécuritaire et plus économique. C’est cette invention qui a tout à coup fait de la vapeur la principale source d’énergie, pour l’industrie du textile, des mines, de l’acier… Et pour obtenir cette vapeur, il fallait faire chauffer beaucoup d’eau, et pour ça, brûler beaucoup de charbon. Et la suite est connue.
L’Université de Glasgow honore la mémoire de l’inventeur avec un Édifice James Watt. La ville lui a érigé une statue dès 1832. Le watt est devenu l’unité internationale de mesure de la puissance.
Personne n’aurait toutefois pu prédire que l’humanité serait capable de brûler autant de charbon, puis autant de pétrole et de gaz, au point d’avoir un impact sur le climat. En fait, il faudra attendre près d’un siècle avant que l’Américaine Eunice Foote (1819-1888) ne découvre que le dioxyde de carbone est capable d’emprisonner la chaleur très efficacement, et qu’elle entrevoit l’effet de serre: « une atmosphère de ce gaz donnerait à notre Terre une haute température ». C’est un homme qui a dû présenter cette découverte à la rencontre de 1856 de l’Association américaine pour l’avancement des sciences, parce qu’une femme n’y était pas autorisée.
Trois ans plus tard, l’Irlandais John Tyndall publie un article davantage connu des historiens — au point où plusieurs lui attribuent, plutôt qu’à Eunice Foote, la découverte de l’effet de serre — qui porte sur l’absorption des rayonnements infrarouges par le CO2. Et la suite, là aussi, est connue.