De toutes les façons qu’on calcule la hausse des températures, la barre du 1 degré depuis le 19e siècle semble avoir été définitivement franchie: c’est désormais la première fois que la moyenne des 20 dernières années des températures mondiales est de plus de 1 degré au-dessus des niveaux d’avant la révolution industrielle.
Ces dernières années, tout dépendant de ce qu’on choisissait de calculer, on pouvait tantôt alléguer que la barre du 1 degré Celsius d’augmentation avait d’ores et déjà été franchie, ou qu’elle était sur le point de l’être. Telle année avait connu une température moyenne de 1 degré et quelques centièmes au-dessus de la moyenne du 20e siècle, ou bien tel mois, ou bien tel groupe de mois… Mais c’est la première fois qu’une moyenne aussi « étendue » —20 ans— passe au-dessus de cette barre, selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM). La version préliminaire (couvrant les neuf premiers mois de l’année) de son rapport annuel State of the Global Climate est parue dimanche, en même temps que s’ouvrait la conférence des Nations unies sur les changements climatiques.
2021 ne s’annonce pourtant que comme la 6e ou 7e année la plus chaude depuis que ces températures sont calculées. Mais c’est suffisant pour faire monter la moyenne sur 20 ans à 1,09 degré au-dessus du seuil du 19e siècle.
L’effet La Nina, phénomène météorologique qui, à intervalles irréguliers, contribue à un « refroidissement », explique que 2021 n’ait pas eu un meilleur « classement ». Toutefois, par rapport à 2011, qui fut la dernière année à avoir connu un phénomène La Nina significatif, 2021 sera de 0,2 degré plus chaude.
« Au rythme actuel d’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre, lit-on dans le communiqué de l’OMM, nous verrons une augmentation de la température, à la fin du siècle, dépassant largement les cibles de 1,5 à 2 degrés fixées dans l’Accord de Paris. »
Le rapport de l’OMM ne s’intéresse pas qu’aux températures, mais passe aussi en revue les événements météorologiques extrêmes de la dernière année : des incendies au Canada et en Turquie jusqu’aux sécheresses en Amérique du sud en passant par les pluies torrentielles tombées en juillet à Zhengzhou, en Chine, qui représentaient l’équivalent d’une année de précipitations… en une seule journée.
« Ce ne sont pas des événements habituels que nous aurions enregistrés dans le passé », a déclaré aux journalistes le météorologue Omar Baddour, qui a participé à la rédaction du rapport. « C’est une signature des changements climatiques. »
Et c’est en plus du fait que la hausse du niveau des mers semble toujours s’accélérer — une tendance notée depuis 2013 — et pourrait battre un record en 2021. « Le taux annuel de hausse du niveau des mers a doublé depuis les années 1990. »
Comme le rapport rassemble des informations amassées par les différentes agences des Nations unies, dont celle spécialisée dans l’agriculture et l’alimentation (FAO), on peut y lire des passages sur l’insécurité alimentaire et les déplacements de populations — phénomènes eux-mêmes exacerbés par les événements météorologiques extrêmes ou les dommages aux écosystèmes.