Pendant que, dans des pays riches, certains travailleurs de la santé refusent de se faire vacciner, ailleurs dans le monde, au moins 115 000 travailleurs de la santé sont décédés de la COVID.
Il s’agit d’une estimation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à mi-chemin entre un scénario optimiste de 85 000 décès, et pessimiste de 180 000 — et ça couvre la période de janvier 2020 à mai 2021, ce qui veut dire que le bilan a eu le temps de s’alourdir cet été. De plus, il s’agit d’une estimation réalisée à partir du nombre total de décès de la COVID qui ont été déclarés dans le monde (près de 5 millions aujourd’hui). Or, ces totaux sont probablement sous-estimés, un nombre indéterminé de décès dans les pays plus pauvres n’ayant pas été comptabilisés.
L’OMS s’alarme une fois encore du « lourd tribut » payé par le monde infirmier et le personnel soignant — il faut ajouter aux décès les cas « d’anxiété, de dépression et de maladie »— et lance un « appel urgent » à ce que ces professionnels soient mieux protégés: par exemple, les autorités locales devraient systématiquement mettre en place des systèmes de notifications rapides des infections et des décès. Et accorder un accès prioritaire aux vaccins: en Afrique, neuf travailleurs de la santé sur 10 n’auraient toujours pas eu accès à deux doses de vaccin, a déclaré jeudi le directeur de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
L’appel a été lancé conjointement jeudi par six autres groupes, dont l’Organisation internationale du travail, l’Organisation de coopération et de développement économiques et l’Association médicale mondiale.
« Plus de 10 mois après l’autorisation des premiers vaccins, le fait que des millions de travailleurs de la santé n’aient toujours pas été vaccinés est un reproche à l’égard des pays et des compagnies qui contrôlent l’approvisionnement mondial en vaccins », a ajouté le directeur de l’OMS en conférence de presse. Il en appelle une fois encore aux dirigeants des pays du G20, qui se réunissent à Rome le 30 octobre. « Les barrières ne sont pas du côté de la production [des vaccins]. Les barrières sont la politique et les profits. »
Et cet appel s’inscrit dans un contexte où de plus en plus de pays ont commencé à offrir une troisième dose à leurs populations les plus vulnérables. Or, déjà, selon l’OMS, les pays les plus riches auraient administré un nombre de troisièmes doses représentant la moitié du total des doses administrées dans les pays les plus pauvres.