Qui a entendu parler de Jules Sioui, ce membre de la Nation Huron, grand défenseur des droits autochtones au XXe siècle, scandalisé par la ségrégation que subissait son peuple, dont le combat lui valut de multiples séjours en prison, qui accomplit une longue grève de la faim et qui contribua, entre autres choses, à l’Assemblée des Premières Nations telle qu’elle existe aujourd’hui?
C’est dans un roman d’Anaïs Barbeau-Lavalette que Jocelyn Sioui, le petit-neveu de Jules, croisa deux phrases qui évoquaient celui à la rencontre duquel il décida alors d’aller. De vagues archives étaient pourtant conservées dans sa famille par son père. Mais qui était réellement ce frère de son grand-père dont Jocelyn ignorait toute l’histoire ou presque, alors qu’il avait tant fait pour le droit des Autochtones? Pourquoi les livres d’histoire ne mentionnaient-ils jamais son nom? Les Autochtones possèdent-ils même un nom dans les livres d’histoire?
Né en 1906 dans une ancienne réserve, Jules Sioui s’engagea politiquement dans les années 40 et ne cessa jamais jusqu’à sa mort. Obstiné dans son combat, il fut animé par sa soif de justice, le désir de libérer son peuple et une forte croyance religieuse. Jules Sioui ne voulut jamais recourir à la violence et sut rassembler plusieurs délégations de chefs autochtones pour donner plus de poids à son engagement.
Auteur, acteur et marionnettiste, Jocelyn Sioui n’est pas historien et n’a pas la prétention de l’être. Quoique…
Dans une pièce de théâtre documentaire présentée au Théâtre aux Écuries, à Montréal, il s’engage corps et âme pour redonner toute sa place à Jules Sioui et à son combat.
Durant plus de deux heures, seul sur scène avec quelques images projetées sur trois grands écrans et des boites d’archives contenant des petits décors et des marionnettes dont il a le secret, Jocelyn Sioui retrace toute l’histoire du Canada en redonnant leur place aux Autochtones et à la conquête de leurs droits par son grand-oncle Jules.
Ponctué de réflexions personnelles sur lui, sa famille, la mémoire collective, la politique passée et actuelle, son propos offre de multiples occasions de penser à la manière dont s’écrit l’Histoire avec un grand H, à ses biais, à ses amnésies volontaires ou pas, et aussi à sa gêne à l’égard de personnages dont on voudrait bien qu’ils soient des héros sans tache, mais qui ne le sont pas toujours.
Mononk Jules
Idéateur, auteur, interprète et metteur en scène : Jocelyn Sioui
Assistante à la mise en scène, régie éclairage / son et direction de production : Ariane Roy
Direction technique et régie vidéo : Julien Mercé
Conception vidéo : Gaspard Philippe
Conception d’éclairage : Mathieu Marcil
Scénographie et conception des marionnettes/accessoires : Mélanie Baillargé
Conception sonore : Luzio Altobelli
Du 19 octobre au 6 novembre 2021 au Théâtre aux Écuries