Dans les profondeurs de la galaxie, des mondes vidés de leurs précieuses ressources abritent encore ce qui reste d’une population humaine, population qui a depuis longtemps repris le chemin des étoiles. Et dans ces grandes installations industrielles désaffectées, c’est la violence qui règne en maître.
Développé par Team Fortune, un studio québécois, Fortune’s Run est un jeu de tir à la première personne qui s’inscrit carrément dans la mouvance des boomer shooters, une sorte de résurgence des FPS à l’esthétique rétro qui fait bien des petits – et des heureux – depuis quelques années. À voir le nombre de projets qui se sont concrétisés en titres complets (DUSK, Amid Evil, Ion Fury, etc.), mais aussi à faire la liste des jeux en développement, c’est à se demander si la période des Call of Duty et autres, à la fin des années 1990 et jusqu’au milieu des années 2010, n’était qu’un mauvais souvenir.
En entrevue avec Pieuvre.ca via le logiciel Discord, Dizzie, celle qui « occupe les fonctions de développeuse principale, mais qui assume pas mal toutes les responsabilités en lien avec le développement comme tel », confirme que le titre en développement par son équipe « s’inspire largement de plusieurs jeux précédant les années 2000 ».
Sur les quelques images et bandes-annonces rendues disponibles, d’ailleurs, le style est flagrant: les fameux décors aux côtés « carrés », avec leurs textures en basse définition, sont légion. Les personnages, eux, sont bien entendu des sprites, et ont donc ce côté bidimensionnel qui rappelle l’époque de Doom et autres jeux iconiques de la fin des années 1990.
« On se concentre beaucoup sur les personnages, l’histoire et l’univers, avec quelques fonctionnalités dignes d’un jeu de rôle », poursuit Dizzie, qui évoque « des objets qui donnent accès à des habiletés passives ou actives, un peu comme à la Deus Ex« .
Si la développeuse évoque brièvement les simulations immersives, ces jeux en monde plus ouvert qui offrent justement une plus grande liberté d’action, notamment avec des mécaniques de dissimulation dans des coins d’ombre, ou encore une gestion de l’endurance, Fortune’s Run « est trop linéaire » pour rejoindre Thief, par exemple, ou des projets contemporains comme Gloomwood ou Fallen Aces.
Toujours dans ce gigantesque bassin d’influences, Dizzie évoque Guilty Gear, notamment, pour l’aspect combats rapprochés. Car oui, il y aura des affrontements au corps à corps dans Fortune’s Run: les bandes-annonces révèlent en effet qu’outre les nombreuses armes à feu que l’on pourra employer, le joueur pourra dégainer son sabre et non seulement tenter de découper ses adversaires en rondelles, mais aussi bloquer les balles.
En fait, l’action pourrait bien être un peu trop rapide pour certains: entre les esquives, les sauts en faisant un pas de côté à la Quake (une autre influence personnelle, explique la développeuse), les explosions, les mouvements d’épée et le sang qui gicle, Fortune’s Run prend des allures de jeu frénétique où chaque fraction de seconde compte pour tenter de survivre. Aura-t-on simplement l’occasion de reprendre notre souffle?
Pour l’instant, le développement se poursuit. Mais le titre est déjà tombé dans l’oeil de grands studios qui pourraient faire office d’éditeurs en vue de la sortie éventuelle du jeu. Fortune’s Run a aussi été jugé assez important et intéressant pour être mis de l’avant lors de l’événement Realms Deep, une grande foire en ligne des amateurs de boomer shooters et autres titres du genre organisée par 3D Realms, le studio qui est notamment associé à Duke Nukem 3D, l’un des immortels du genre FPS.
« Je ne pensais vraiment pas avoir droit à une réaction du genre; en fait, au début, le projet était une job pour un autre développeur qui voulait un système pour développer des boomer shooters dans l’engin graphique Unity. Finalement, ils n’ont rien fait, mais en cours de route, j’ai publié quelques aperçus sur Twitter et la réponse a été tellement positive que j’ai décidé de m’acharner là-dessus à temps plein », mentionne encore Dizzie.
Ce qui manque, dit-elle, c’est le temps: « Vu que je m’occupe du design, des niveaux, des visuels pour le jeu, comme les sprites et les armes, en plus des textures pour les niveaux, de la musique, du son, et même des visuels pour la promotion, ainsi que des portraits des personnages dans les cinématiques du jeu, ça fait beaucoup de boulot! »
Pourtant, face à cet obstacle de taille, la développeuse ne bronche pas. « Je n’ai pas de deadline; je me dis que ça prendra le temps que ça prendra. »
De fait, une version de démonstration doit normalement être rendue disponible d’ici la fin du mois, mais l’équipe pourrait repousser le tout, histoire de s’assurer que le premier contact du public avec une version jouable de Fortune’s Run soit idéal.
Et pour la suite? Faut-il espérer une déferlante qui portera Fortune’s Run aux nues, en plus d’entraîner la vente de millions de copies? « Dans le fond, c’est un projet de passion. Mais en même temps, je réalise que pour justifier une tâche aussi complexe et longue, il faut bien que ça fasse des ventes, éventuellement », mentionne Dizzie.
En attendant de se battre pour sa survie dans les corridors métalliques d’installations spatiales où ne traînent plus que quelques êtres autrefois humains et des soldats, le travail de développement de Fortune’s Run se poursuit.