Véritable phénomène télévisuel mondial depuis quelques semaines, Squid Game, une télésérie sud-coréenne rendue disponible sur Netflix et crée par Hwang Dong-hyeok, surtout connu pour ses films, est hélas le genre d’oeuvre qui semble offrir une profondeur notable, en apparence, mais qui s’avère hélas trop simple et clichée pour son propre bien.
Chômeur coincé dans une spirale d’endettement, Seong Gi-hun (Lee Jung-jae) n’entrevoit pas de solution à ses problèmes: sans argent, sans travail, il est sur le point de perdre sa fille, qui habite avec sa mère chez le nouveau conjoint de celle-ci. Pire encore, les trois sont sur le point de partir aux États-Unis.
Alors qu’il pensait avoir touché le fond du baril, voilà qu’un étrange personnage lui remet une carte tout aussi intrigante: sur ladite carte, trois symboles, et un unique numéro de téléphone. Veut-il jouer au jeu?, lui demande-t-on mystérieusement au bout du fil.
Embarqué contre son gré sur une île isolée au large de la péninsule coréenne, notre héros quelque peu naïf devra tenter de survivre à une série de jeux d’enfants tous plus mortels les uns que les autres. Avec, en trame de fond, de sourdes machinations qui impliquent de riches hommes d’affaires, un maître de jeu prêt à tuer ses propres hommes, et de nombreux soldats armés jusqu’au dent. Pire encore, tout ce beau monde porte un masque, quand celui-ci n’est pas combiné à une combinaison aux couleurs criardes.
Sorte de mélange de Hunger Games et d’Alice in Borderland, sans oublier Battle Royale, bien entendu, Squid Game possède, à préavis, toutes les qualités pour être une bonne série: des dangers mortels, une conspiration élaborée, et des personnages relativement attachants dont la vie ne tient parfois qu’à un fil. Il n’y a rien de mieux, en effet, que de placer des individus au passé et à la personnalité différents dans une situation abracadabrante pour faire émerger des échanges et des relations inattendus. Le tout est encore mieux lorsque le lieu desdits échanges est un mélange de prison, de terrain de jeu surdimensionné et d’arène où des humains meurent pour le plaisir d’autres humains.
Le (gros) problème de Squid Game, c’est que tout cela, les situations inattendues, les personnages éclectiques, la mort qui peut survenir à chaque instant, tout cela a déjà été fait. Tout comme cette critique tout sauf subtile du capitalisme et de la société de performance qui gangrène peu à peu la Corée du Sud (et l’Occident, par extension).
Bien entendu, ces problèmes doivent être dénoncés, et avec force, mais offrir de la violence gratuite, y compris un massacre d’environ 200 personnes dans le tout premier épisode (pour un total d’environ 400 meurtres au cours des neuf épisodes de cette première saison), et nous offrir des personnages largement unidimensionnels n’aide pas à grand chose, si ce n’est créer des attentes démesurées au cours du premier épisode, justement, avec sa fin inattendue, avant de laisser tomber les spectateurs au cours des huit heures suivantes.
Ce n’est pas que la série soit foncièrement mauvaise, bien que par sa nature même, il est prévisible que le héros, qui représente le spectateur, s’en tire jusqu’à la toute fin. N’est pas Game of Thrones qui veut, après tout. Cela signifie cependant que tous les autres personnages, ceux dont le passé et les motivations sont possiblement intéressants, ont bien plus de chances de tomber dans un piège mortel.
Non, ce qui ne fonctionne pas, c’est que l’ensemble de la chose tombe simplement à plat. Même une fois les secrets de cette joute mortelle révélés, on se dit que non seulement toutes les démarches entreprises pour atteindre le but visé sont excessivement onéreuses et complexes, mais aussi que la justification derrière toute l’affaire est franchement mal expliquée.
Bref, on passera notre tour, malgré les visuels intéressants. Dans le même genre, il y a le bien meilleur – et plus direct – Battle Royale, mais aussi le classique qui a donné naissance à toutes les autres oeuvres du genre: Lord of the Flies.
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